Viktor Orbán sera reçu à l’Élysée vendredi, deux jours avant des élections importantes en Hongrie

Le chef du gouvernement hongrois, Viktor Orbán, sera reçu pour la première fois dans le cadre d’une visite bilatérale avec le président français Emmanuel Macron. En France comme en Hongrie, le calendrier de cette rencontre interroge.

Cela fait plusieurs années que diplomates français et hongrois espéraient réunir leur dirigeant respectif. Mais la chose avait été rendu compliquée, Emmanuel Macron et Viktor Orbán voyant opportunément chacun en l’autre un adversaire politique utile. Le premier drapé dans les draps de protecteur des valeurs libérales et humanistes de l’Europe, le second de sauveur de l’Europe chrétienne.

Le timing de cette rencontre interroge donc forcément. En France, on ne manquera certainement pas de souligner que Macron reçoit le champion européen toute catégories du discours xénophobe et anti-immigration, quelques jours après un débat à l’Assemblée nationale annonciateur d’un durcissement de la politique migratoire de la France. Cela à l’initiative du président, qui a décidé de « regarder en face » la question de l’immigration, comme il l’avait déclaré.

En Hongrie, aussi, il y a fort à parier que la visite d’Orbán en France ne soit pas vue d’un bon œil par ses opposants, car elle tombe deux jours avant les élections municipales. Ils espèrent battre le Fidesz à Budapest et la victoire finale pourrait se jouer à peu de choses. Et quoiqu’il se passe à l’Élysée, qu’Emmanuel Macron se montre conciliant ou pas avec son hôte, le Fidesz saura en tirer profit, son hégémonie médiatique étant telle qu’il peut à sa guise faire passer des vessies pour des lanternes.

Un rapprochement en cours ?

Cet été, le dirigeant hongrois avait adopté un ton inhabituellement conciliant vis-à-vis d’Emmanuel Macron, l’un des punching ball préféré de la presse de droite et d’extrême-droite pro-Fidesz. Viktor Orbán s’était par exemple félicité d’avoir « battu les Allemands à deux reprises avec les Français », la première fois en éliminant Manfred Weber de la course à la présidence de la Commission européenne et la seconde en élisant Ursula von der Leyen.

Emmanuel Macron a lui aussi remisé les diatribes au placard. Il y a un an, à Bratislava, il avait qualifié les dirigeants hongrois et polonais « d’esprits fous » qui « mentent à leur peuple ». Mais à la fin du mois d’août, lors de la conférence des ambassadeurs et ambassadrices, le ton était tout autre. Plaidant pour que la France porte un « projet de civilisation européenne », basé sur « l’esprit des Lumières », il déclarait : « Le projet de civilisation européenne ne peut pas être porté ni pas par la Hongrie catholique, ni par la Russie orthodoxe. Et nous l’avons laissé à ces deux dirigeants par exemple, et je le dis avec beaucoup de respect, allez écouter des discours en Hongrie ou en Russie, ce sont des projets qui ont leurs différences mais ils portent une vitalité culturelle et civilisationnelle, pour ma part, que je considère comme erronée mais qui est inspirante ». (Lire son discours complet ici).

Une chose semble certaine, s’il doit y avoir rapprochement des positions française et hongroise sur les questions européennes, notamment en ce qui concerne l’asile et l’immigration, ce ne sera pas Orbán qui ira vers Macron…

La drôle de diplomatie d’Emmanuel Macron en Hongrie

×
You have free article(s) remaining. Subscribe for unlimited access.