Lors d’une conférence de presse commune avec son homologue israélien Benyamin Netanyahou, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán s’est posé en garant de la défense de la nation mais aussi en opposant farouche à l’antisémitisme.
« Il est de notoriété publique que nous avons une histoire difficile derrière nous. Le gouvernement de la Hongrie a fait une faute, a commis de nombreux crimes, lorsqu’elle n’a pas pris la défense de ses propres compatriotes », a déclaré Viktor Orbán lors de la conférence de presse tenue cet après-midi à Budapest en compagnie de son homologue israélien Benyamin Netanyahou. Une façon pour le Premier ministre hongrois de balayer d’entrée de jeu les accusations de négationnisme à son encontre, alors qu’il avait qualifié en juin dernier le régent Miklós Horthy – le « Pétain hongrois – « d’homme d’État exceptionnel ». « Tous les gouvernements hongrois se doivent de défendre leurs compatriotes. La Hongrie a failli à satisfaire cette exigence morale et politique. Au lieu de protéger les Juifs, nous avons choisi la collaboration nazie. Cela ne doit plus arriver », a-t-il ajouté. Et de conclure sur ce sujet : « Il existe en Hongrie une minorité juive conséquente, dont l’État hongrois garantit en tout point la sécurité. Il y a un renouveau de la culture juive en Hongrie, c’est quelque chose dont nous sommes fiers. Cela représente une contribution au patrimoine national commun hongrois. »
Proche partenaire d’Israël en Europe centrale, Viktor Orbán a par ailleurs réaffirmé la reconnaissance de la Hongrie au droit à la sécurité d’Israël, tout en revendiquant pour son pays « la même reconnaissance internationale au droit de se protéger« . Le Premier ministre hongrois a pris ainsi pour cible l’immigration, qui constitue selon lui le principal péril pour la Hongrie. « La Hongrie ne veut pas d’une population mélangée, elle ne veut pas modifier ses équilibres ethniques. Nous voudrions rester comme nous sommes, même si nous ne sommes pas parfaits », a notamment déclaré l’homme fort de Budapest. En clin d’œil à son homologue israélien, Viktor Orbán a enfin estimé « que, comme nous l’enseigne l’histoire d’Israël, ce pour quoi l’on ne se bat pas, on le perd ».
Benyamin Netanyahou s’est de son côté félicité de sa visite officielle en Hongrie, 28 ans après celle de son lointain prédécesseur Yitzhak Shamir. Le Premier ministre israélien a chaleureusement salué son homologue hongrois, en rappelant que « la Hongrie est à bien des égards le berceau du sionisme moderne, à qui l’on doit l’État juif, car c’est bien [ici] qu’est né notre Moïse Théodore Herzl ». Benyamin Netanyahou a également remercié Viktor Orbán que « la Hongrie soutienne toujours Israël lors des rencontres internationales. Elle ne défend pas qu’Israël en agissant de la sorte ; elle défend aussi la vérité ».
« Nous sommes au clair avec le passé et regardons désormais vers l’avenir », a déclaré le chef du gouvernement hébreux pour définitivement laver son homologue et allié hongrois de tout soupçon d’antisémitisme. Au-delà de la polémique autour de l’héritage de Miklós Horthy, Viktor Orbán a été vivement interpellé par l’organisation représentative des Juifs de Hongrie – le Mazsihisz – au sujet de la campagne d’affichage gouvernementale ciblant personnellement le milliardaire américaine d’origine juive hongroise George Soros. Benyamin Netanyahou devrait rencontrer les représentants du Mazsihisz durant les deux prochains jours.