Dans son discours sur l’état de la nation dimanche, le Premier ministre hongrois a annoncé un ensemble de mesures visant à enrayer le déclin démographique de la Hongrie. Sur fond d’une longue diatribe contre l’Union européenne et contre un Occident qui, lui, aurait fait le choix de l’immigration.
« Nous voulons des bébés hongrois ». C’est avec ces mots que le dirigeant hongrois a présenté, lors de son grand discours annuel sur l’état de la nation, un plan de protection des familles annoncé de longue date et qui doit ralentir, sinon inverser, le déclin démographique du pays amorcé au tournant des années 1980. Le paquet de mesures comprend plusieurs dispositifs de prêts bancaires pour les couples, des aides à l’achat de logements et de voitures familiales, des exonérations de l’impôt sur le revenu pour les mères de famille nombreuse, des allocations pour les grands-parents qui ont la garde de leurs petits-enfants et la promesse de créer suffisamment de places de crèche pour les enfants à naître.
Dans le détail :
- Chaque femme âgée de moins de quarante ans, après s’être mariée pour la première fois, recevra 10 millions de forints de crédit à faible taux d’intérêt. Après la naissance du premier enfant, le début du remboursement peut être différé de trois ans. Après le second, le paiement peut être à nouveau différé et, enfin, si elle donne naissance à un troisième enfant, l’ardoise est effacée ;
- Toute femme ayant au moins quatre enfants sera exonérée à vie de l’impôt sur le revenu ;
- L’extension du CSOK, le programme de crédit immobilier pour l’achat de logement, aux logements anciens ;
- Une allocation de 2,5 millions de forints pour l’achat d’une voiture de sept personnes pour les familles nombreuses ;
- Des allocations et des congés identiques à ceux dont bénéficieraient les parents pour les grands-parents qui choisissent de s’occuper de leurs petits-enfants ;
- La création de 21 000 nouvelles places de crèche au cours des trois années à venir.
Les élections européennes dans le viseur
Mais Viktor Orbán n’est pas simplement le chef du gouvernement hongrois. Il est le fer de lance des souverainistes et des nationalistes en Europe, par-delà les clivages partisans, et à ce titre, il a nettement inscrit son discours dans la campagne pour les élections européennes qui renouvelleront le parlement à Strasbourg ce printemps. Viktor Orbán a fustigé un « nouvel internationalisme » dont la « forteresse est à Bruxelles » et qui utilise l’immigration pour œuvrer à l’avènement d’un « monde sans nations », de « sociétés ouvertes » et à « une gouvernance mondiale supranationale ».
« Un plan est à l’œuvre pour transformer l’Europe en un continent d’immigration »
Son plan démographique, il l’oppose aux pays d’Europe occidentale qui auraient choisi, selon lui, la migration pour résoudre le déclin de la natalité en Europe. « Un plan est à l’œuvre pour transformer l’Europe en un continent d’immigration », a-t-il déclaré. L’Union européenne préparerait la relance du système de quotas, la distribution de visas de migrants et de cartes de débit chargées d’argent de l’UE aux immigrants, ainsi que l’augmentation du financement des groupes favorables à l’immigration. « C’est ce qui se prépare à Bruxelles », a-t-il assuré. « Nous, nous ne voulons pas que des chiffres, nous voulons des bébés hongrois. […] C’est la réponse de la Hongrie au déclin démographique ».
Le Premier ministre Orbán a aussi vanté son bilan, comparant la situation macro-économique actuelle avec celle qui prévalait en 2009, année de décrochage de l’économie hongroise violemment frappée par la crise financière mondiale de 2008. « Nous avons augmenté le taux d’emploi de 55 à 70 % et divisé par trois le taux de chômage », a-t-il déclaré. Le nombre de mariages a augmenté, la mortalité infantile a diminué, les revenus sont en augmentation constante et le salaire minimum a plus que doublé, a-t-il argumenté. « Après dix ans de travail conjoint, les Hongrois ont de nouveau confiance en leur avenir. […] Mais les plus grandes victoires restent à venir », a-t-il annoncé, prophétique.