Le ton monte entre le syndicat des salariés et la direction du constructeur automobile en République tchèque. Après l’échec des dernières négociations, le syndicat brandit la menace d’une grève de dix jours. Alors que les deux parties se rapprochent au niveau des salaires, d’autres questions épineuses continuent de les séparer.
Ce n’est pas (seulement) une question d’argent – La huitième ronde de négociations n’a pas abouti mardi entre le syndicat KOVO, représentant les ouvriers des usines Škoda, et la direction. Le syndicat se dit prêt à une grève de dix jours, ainsi qu’à d’autres actions, si aucun accord n’est trouvé avant la date butoir du 1er avril. Si la direction a cédé aux demandes syndicales de hausser les salaires, sa proposition de 10 % reste loin des 18 % exigé à l’origine par le syndicat.
En fait, la question des salaires n’est pas la plus épineuse, car les ouvriers de Škoda sont déjà parmi les mieux payés du pays. Ce qui rebute le syndicat, ce sont les conditions que la direction voudrait assortir à cette augmentation salariale, en particulier la question centrale du travail le samedi. Škoda voudrait en effet en profiter pour faire tourner le samedi sa plus grande usine, celle de Mladá Boleslav, tel qu’elle le fait déjà dans son centre de production de Kvasiny. Le syndicat refuse catégoriquement et voudrait même révoquer l’entente en vigueur à Kvasiny.
Škoda en pleine expansion
Pour le constructeur automobile, cette question du travail le week-end est pourtant centrale, car ses usines tchèques atteignent déjà la limite de leurs capacités de production. Le travail du samedi permettrait de produire annuellement 75 000 voitures de plus dans l’usine de Mladá Boleslav. Membre du groupe Volkswagen, Škoda a réalisé des ventes records et des marges supérieures aux autres marques du groupe : sa production dans le monde est passée d’1 million il y a quatre ans à 1,2 million en 2017 et vise les 2 millions de véhicules à l’horizon 2025.
La direction de Škoda menace déjà de délocaliser une partie de la production dans des usines du groupe situées à l’étranger, alors que la majorité de ses véhicules est produite en Tchéquie, 765 000 en 2016. Selon le meneur syndical Jaroslav Povšík, une entente entre les syndicats du groupe Volkswagen prévoirait cependant que les ouvriers refusent de produire des Škoda ailleurs qu’en Tchéquie. « S’ils les prennent, ce sont des traîtres », écrit le syndicat sur sa page internet.
Il reste quelques jours pour parvenir à une entente, mais les deux parties semblent campées sur leurs positions. Si Škoda se retrouve paralysée par une grève, ce serait un événement pour un pays où les syndicats restent faibles depuis la chute du communisme.