Le premier fabricant de batteries électriques au monde, le chinois CATL, fait face à l’opposition d’un groupe citoyen à Debrecen qui redoute de lourdes conséquences environnementales.
L’entreprise chinoise Amperex Technology Co. Limited (CATL), premier fabricant de batteries électriques au monde, va investir 3 000 milliards de forints, soit 7,5 milliards d’euros, pour la construction, dans l’est de la Hongrie, de sa deuxième usine de fabrication en Europe. L’annonce de cet investissement, le plus gros jamais réalisé en Hongrie, a été faite au mois d’août 2022.
L’usine basée à Debrecen, dans l’est de la Hongrie, à proximité des bassins d’emplois d’Ukraine et de Roumanie, doit créer jusqu’à 9 000 emplois directs et indirects, selon Péter Szijjártó, ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce.
Ce dernier y voit l’assurance « que nous serons l’une des places-fortes de la nouvelle ère de l’industrie automobile ». L’industrie automobile a été multipliée par 2,5 en Hongrie depuis 2010, sa valeur de production atteignant 9 500 milliards de HUF en 2021, souligne M. Szijjártó.
Les batteries produites seront fournies dès 2025 aux trois grands constructeurs automobiles allemands présents en Hongrie : Audi, Mercedes mais surtout BMW qui construit également une usine à Debrecen pour produire des véhicules électriques.
Une fronde locale
Le projet chinois a été classé comme « investissement prioritaire pour l’économie nationale » et le gouvernement investit une somme importante dans le développement des infrastructures pour ce projet : 88 milliards de HUF sur cinq ans, mais dès cette année, 6,8 milliards de HUF y sont consacrés. Le contrat d’achat du terrain de CATL de 221 hectares a été signé et les travaux doivent rapidement débuter.
Mais le projet se heurte à un collectif de citoyens qui y voit une menace environnementale. Un forum citoyen organisé le 9 janvier à Debrecen a tourné court, en présence du représentant chinois de CATL. Rebelote ce vendredi 20 janvier, où deux cents personnes ont hué les autorités locales, en présence de représentants du parti écologiste LMP et du parti d’extrême-droite Mi Hazánk.
Les opposants au projet craignent que l’usine menace l’approvisionnement en eau de la ville. Avec des besoins à hauteur de 3 000 à 6 000 mètres cubes par jour, la demande en eau de l’usine sera supérieure à celle de toute la ville de Debrecen, qui compte 200 000 habitants.
De plus, ils pointent le risque de rejet de substances toxiques dans l’environnement, alors que l’usine de batteries Samsung, à Göd, au nord de Budapest, enfreint elle-même les règles de sécurité industrielle et rejette des produits chimiques toxiques dans les eaux souterraines.
Enfin, des opposants redoutent l’arrivée de milliers de travailleurs étrangers pour fournir la main-d’œuvre nécessaire, car la région connait déjà une pénurie de main-d’œuvre.