Un attentat néonazi perpétré contre des LGBT à Bratislava secoue la Slovaquie

Vendredi soir, des milliers de personnes se sont réunies dans la capitale slovaque contre l’homophobie, deux jours après l’assassinat de deux hommes tués devant un bar gay.

Mercredi soir, un homme a ouvert le feu devant le Tepláreň, un établissement de Bratislava fréquenté par la communauté LGBT, tuant froidement deux personnes, Matúš et Juraj, et blessant une troisième. Après d’intenses recherches, le meurtrier a été retrouvé mort le lendemain dans la capitale.

Le premier ministre Eduard Heger a condamné le double meurtre perpétré par « un adolescent radicalisé ». « Aucune forme de suprématie blanche, de racisme et d’extrémisme contre des communautés, dont la communauté LGBTI, ne peut être tolérée. Nous combattrons les canaux de désinformation qui propagent la haine et nous protégerons les minorités », a-t-il publié sur Twitter jeudi.

Un manifeste raciste, homophobe et antisémite

Le tueur a été identifié comme Juraj Krajčík, 19 ans, fils d’un membre de la petite formation d’extrême droite Vlast. Il avait publié quelques heures avant son passage à l’acte un long manifeste en anglais dans lequel il se présente comme un partisan de Donald Trump et de l’alt-right américaine et revendique sa filiation idéologique avec des terroristes comme Brenton Tarrant, qui a attaqué des mosquées en Nouvelle-Zélande, John Earnest, qui a attaqué une synagogue aux États-Unis et le norvégien Anders Breivik. Sur son profil Facebook, Juraj Krajčík avait aussi exprimé des opinions pro-russes et qualifié le nouveau ministre des Affaires étrangères, Rastislav Káčer, de « marionnette américaine ».

La presse slovaque rapporte que, selon ses enseignants, l’adolescent était intelligent, mais entretenait des relations très conflictuelles avec les autres élèves. Ils avaient recommandé à son père de demander l’aide d’un psychologue ou d’un psychiatre, en vain.

Un mouvement de soutien

« Chacun de vous a une voix qui doit être entendue. Ensemble nous arrêterons la haine ». C’est le message publié sur facebook par le club Tepláreň, 48h après ce qu’une partie de la classe politique a qualifié d’« attentat ».

Vendredi à 17h, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées devant le lieu de la tuerie, rue Zámocká, puis ont convergé vers la place SNP, en présence de nombreux représentants politiques, dont la présidente de la République Zuzana Čaputová, qui a immédiatement fait part de son émotion et s’est montrée très impliquée.

« Beaucoup de gens disent que les personnes LGBTI+ sont une idéologie. Mais ce que j’ai vu, c’est le sang de mes proches sur le trottoir, leurs corps abattus, pas d’idéologie », a déclaré à la foule le propriétaire de Tepláreň, Roman Samotný.

La société slovaque saura-t-elle s’indigner comme elle l’a fait lors du meurtre du journaliste Ján Kuciak et de sa compagne Martina Kušnírová en février 2018 ? « Il est temps de montrer que la majorité n’a pas de problème avec les minorités et fera preuve de compassion et d’une saine colère après le meurtre de personnes de la communauté LGBTI », a écrit le rédacteur-en-chef de Dennik N, Matúš Kostolný.

Corentin Léotard

Rédacteur en chef du Courrier d'Europe centrale

Journaliste, correspondant basé à Budapest pour plusieurs journaux francophones (La Libre Belgique, Ouest France, Mediapart).

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