Un commissariat de police chinois clandestin, rue Golgota, à Budapest

Il fait partie du vaste réseau administratif mis en place par la Chine pour maintenir la diaspora chinoise sous le contrôle idéologique du gouvernement.

C’est un vieux bâtiment non loin du marché chinois de Józsefváros, le 8e arrondissement de Budapest, dans la rue Golgota. Le crépit s’effrite, les fenêtres sont recouvertes de toiles d’araignées et la porte est fermée, décrit Telex. Une inscription en rouge précise qu’il s’agit de l’Association des personnes de Qingtian vivant en Hongrie. Mais selon un rapport de l’organisation espagnole de défense des droits humains Safeguard Defenders, il abriterait en réalité des cellules administratives chinoises liées aux services de sécurité de la Chine.

Un document de 2019 consulté par Telex mentionne l’existence de ce centre géré par le Bureau de la sécurité publique de la province de Qingtian, qui « fournit des services sur place aux Chinois d’outre-mer sous la forme de la mise en place de centres de contact de la police nationale chinoise et de centres de services à l’étranger et gère les conflits outre-mer avec les Chinois ».

Selon Safeguard Defenders, leur mission n’aurait en réalité rien à voir avec des services diplomatiques et consulaires réguliers, mais poursuivrait l’objectif de garder à l’œil la diaspora chinoise et la maintenir sous le strict contrôle idéologique de Pékin. « Ils recueillent des informations et recourent au chantage pour forcer ceux qui critiquent le Parti communiste chinois et le régime à retourner en Chine », écrit Telex. Les dissidents de la minorité Ouïgours seraient particulièrement surveillés.

Un réseau mondial

Cette cellule de la rue Golgota est loin d’être isolée. On en trouve en réalité une seconde à Budapest, dans le 10e arrondissement, de même que deux à Prague, une à Bratislava, Belgrade… Au total, le rapport dénombre des dizaines de ces unités clandestines disséminées un peu partout dans le monde où se trouve des communautés chinoises.  

Après la publication du rapport, des enquêtes ont été ouvertes aux Pays-Bas, au Canada, au Portugal et en Allemagne, rapporte Le Monde. Le ministère hongrois de l’Intérieur a contesté l’existence de tels postes de police chinois en Hongrie.

Corentin Léotard

Rédacteur en chef du Courrier d'Europe centrale

Journaliste, correspondant basé à Budapest pour plusieurs journaux francophones (La Libre Belgique, Ouest France, Mediapart).

×
You have free article(s) remaining. Subscribe for unlimited access.