Le président du Parlement européen Jerzy Buzek est en visite officielle de deux jours à Paris. Invité par le président de l’Assemblée nationale française Bernard Accoyer, il doit aussi rencontrer le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy. C’est l’occasion de revenir sur le parcours du premier président du Parlement européen originaire d’Europe centrale et sur les six premiers mois de son mandat.
Aux côtés des occidentaux Barroso à la Commission et van Rompuy au Conseil, Buzek est le troisième homme. Il s’appuie alors sur ses origines de l’Est pour se faire une place et émettre des priorités qui lui sont plus personnelles, orientées vers l’élargissement. Mais la visibilité est difficile à acquérir et les conditions de sa politique ne sont pour l’instant pas optimales.
Elu à la tête du Parlement européen le 14 juillet dernier à une majorité jamais atteinte par un autre prétendant, Jerzy Buzek est un citoyen polonais, né dans une petit village de Silésie – à l’époque, en 1940, polonais – devenu tchèque par la suite, par le truchement des traités de paix. Membre du Parti populaire européen (PPE), c’est-à-dire de la droite, Jerzy Buzek a commencé sa carrière politique auprès de Lech Wałęsa dans le syndicat Solidarność. Premier ministre de la Pologne, puis eurodéputé, il est élu président du Parlement qui doit mettre en application le traité de Lisbonne.
Etre Polonais a manifestement aidé Jerzy Buzek a être élu. C’est du moins ce qu’ont déclaré les représentants des différents partis politiques représentés à Bruxelles. Prétexte pour justifier la négociation d’une présidence tournante entre les deux principaux partis ? Toujours est-il que l’homme semble avoir fait une pratique unanimité autour de lui. Et avec raison, n’a-t-il pas – avec d’autres bien sûr -, préparé son pays à devenir membre de l’Union européenne et de l’Otan ?
A chacun son pré carré
Jerzy Buzek doit surtout trouver sa place entre la présidence tournante de l’Union européenne – dirigée pour six mois par les Espagnols, le nouveau président du Conseil européen, Herman van Rompuy et le président de la Commission, José Manuel Barroso. Le traité de Lisbonne laisse plus de place aux députés européens et c’est l’occasion pour leur président de faire entendre sa voix et de jouer un rôle plus représentatif. Mais l’exercice est loin d’être gagné. On l’a vu avec Copenhague. La sécurité énergétique et le changement climatique font partie des grands dossiers sur lesquels le Parlement doit travailler, mais avec pour l’instant aucuns résultats probants. En sera-t-il autrement pour la politique de l’élargissement à l’Est, déclarée comme une autre de ses priorités ? N’avait-il pas déclaré lors de sa victoire : « Je considère mon élection comme un signal pour les pays de l’Est et un hommage aux citoyens qui ne se sont pas soumis à un système hostile ».
Le dossier de l’élargissement de l’Union européenne à l’Ukraine et aux Balkans semble pourtant lui aussi aller à reculons. Le charme est passé et aujourd’hui nombre des députés veulent mettre tout d’abord en adéquation les institutions européennes avec le nombre de pays membres. Cela ne pourra que se faire au détriment des candidatures ukrainienne et balkaniques qui risquent de se lasser et de le prouver à travers le résultat de leurs prochaines élections.