Avec les milliers de migrants qui se massent à la frontière grecque après la décision du président turc d’ouvrir ses portes vers l’Union européenne, le gouvernement de Viktor Orbán se prépare à barricader le pays.
Recep Tayyip Erdoğan a donc mis ses menaces à exécutions le week-end dernier et laissé affluer vers l’Union européenne des migrants retenus sur son sol en vertu d’un accord avec l’UE. Cet accord controversé signé en mars 2016 prévoyait le versement de fonds européens à Ankara et la levée des visas Schengen pour les citoyens turcs, en échange de la bonne volonté d’Ankara à fixer sur son sol les réfugiés syriens.
Vendredi, le Premier ministre hongrois s’est entretenu au téléphone avec le président Erdoğan, avec lequel il entretient de bonnes relations. Selon MTI, M. Erdogan a confirmé au Premier ministre hongrois qu’il y avait une énorme pression sur la Turquie et qu’elle ne pourrait donc plus détenir certains des migrants se trouvant actuellement sur son territoire.
Dans la foulée, le cabinet de sécurité du premier ministre a été convoqué, comprenant le ministre des Affaires étrangères et de l’Intérieur, a rapporté l’agence de presse hongroise MTI. Il a décidé de renforcer la protection des frontières hongroises et de suivre de près l’évolution sur la route migratoire des Balkans, une région dans laquelle se trouvent déjà coincés cent mille migrants, selon le gouvernement hongrois.
« Nous devons nous préparer à des flux de migrants, nous devons nous préparer à des attaques de masse régulières contre la barrière de la frontière hongroise », a déclaré le Premier ministre Viktor Orbán vendredi matin sur Kossuth Rádio.
La fermeture des zones de transit
Selon György Bakondi, conseiller principal à la sécurité du Premier ministre, il existe un lien entre le coronavirus et la migration illégale, étant donné que la majorité des migrants illégaux arrivent d’Iran ou via l’Iran, l’un des principaux foyers épidémiques. C’est pourquoi, comme il l’a annoncé lors d’une conférence de presse dimanche à Budapest, la Hongrie suspend pour une période indéterminée l’admission de migrants dans ses zones de transit, situées sur la frontière serbo-hongroise. Il s’agit officiellement de protéger la santé des 321 personnes qui s’y trouvent à l’heure actuelle.
György Bakondi, connu comme le « Monsieur migration » du gouvernement dans les médias pro-Fidesz, a rappelé qu’il y avait eu 6 700 tentatives de franchissement illégaux des frontières hongroises au cours des deux premiers mois de l’année, l’écrasante majorité au niveau de la section frontalière avec la Serbie (6 100) et 465 autres en provenance de la Roumanie. Selon lui, la majorité des nouveaux arrivants ne sont pas Syriens, mais viennent principalement d’Afghanistan, du Pakistan et d’Iran.