Après presque trois mois d’âpres négociations, les ouvriers tchèques du constructeur automobile Škoda peuvent célébrer leur victoire. En effet, la partie patronale a finalement plié devant la fermeté du syndicat et a nettement augmenté les salaires. Dans le contexte actuel de croissance économique et de plein emploi, cette nouvelle pourrait bien faire boule de neige ailleurs en Tchéquie.
Même s’ils comptent déjà parmi les ouvriers les mieux payés du pays, les quelques 30 000 travailleurs des trois usines tchèques de Škoda comptaient bien avoir leur part du gâteau après les profits records enregistrés par leur employeur. Les syndicats demandaient donc une augmentation des salaires de 18 %, alors que la partie patronale était prête à concéder une augmentation annuelle de seulement 6 % et encore, conditionnée à l’introduction du travail le samedi.
Le ton est monté entre les deux parties tout au long du mois de mars, le syndicat se préparant même à la grève, chose rare en Tchéquie, avant que la partie patronale ne cède jeudi. Škoda augmentera donc finalement les salaires et autres bonus de 12 % rétroactivement à partir d’avril, ce qui équivaut à une augmentation moyenne de quelque 20 %. De plus, l’entreprise a dû faire marche arrière sur la question du travail le samedi, qui ne deviendra pas systématique.
Les syndicats ont la main haute
Cette nouvelle arrive à un moment où tous les indicateurs économiques jouent en la faveur des travailleurs tchèques. En effet, la croissance va bon train (4,5 % en 2017) et le chômage a atteint son plus bas niveau depuis 1997 (à 3,5 %), le meilleur score européen. Selon l’Office de l’emploi, le pays connaît même pour la première fois une pénurie nationale de main-d’œuvre. En effet, il y a aujourd’hui plus d’offres d’emploi que de chômeurs et cette pénurie joue en faveur des employés.
Des travailleurs étrangers ressortissants de pays de l’Union européenne comme la Roumanie viennent combler le manque, mais faire venir des Ukrainiens ou des citoyens des pays des Balkans non-membres de l’UE se révèle être beaucoup plus ardu pour le gouvernement. D’autant plus que les récentes campagnes anti-migratoires lient les mains des politiciens dans ce dossier. Vu l’incertitude politique actuelle, le gouvernement démissionnaire d’Andrej Babiš ne voudra sans doute pas ouvrir les portes à des ouvriers étrangers. Dans ce contexte, le mouvement syndical tchèque a de beaux jours devant lui.