Taxes spéciales : la deuxième offensive d’Orbán

Après les banques et les assurances en juin dernier, c’est au tour des télécoms, de l’énergie et de la grande distribution d’être concernés par le nouveau dispositif de taxes spéciales prévu sur trois ans par le gouvernement de Viktor Orbán. Ce dernier et son ministre de l’économie ont respectivement annoncé, mercredi et jeudi, que ces trois secteurs fondamentaux de l’économie magyare seront ponctionnés davantage pour endiguer la dette publique de la Hongrie. Le plan sera officiellement soumis au Parlement lundi et adopté logiquement.

Le gouvernement hongrois pense avoir laissé passer l’orage du FMI et des critiques de la finance internationale. Du coup, après les banques, il s’attaque cette semaine à certains secteurs de l’industrie et des services. Pour respecter l’objectif (fixé par son prédécesseur Gordon Bajnai et souhaité par l’Union Européenne) de 3,8% de déficit cette année et de 3% pour 2011, le premier ministre a réaffirmé sa volonté de collecter quelques 560 milliards de forints au total (un peu plus de 2 milliards d’euros actuellement) sous forme de taxes temporaires.

Pour se faire, en plus des 200 milliards HUF par an (730 millions d’euros) que l’Etat touchera des établissements financiers jusqu’à 2012, il compte prendre 61 milliards (222 millions d’euros) à la petite centaine d’entreprises de télécommunications installées en Hongrie, 70 milliards (255 millions d’euros) à celles de l’énergie et 30 milliards (109 millions d’euros) aux enseignes de supermarchés. Le ministre de l’Economie, György Matolcsy, a précisé que l’impôt est fixé à 0,1% de leurs ventes, ce qui représente actuellement entre 100 et 500 millions HUF (de 365.000 à 1,8 millions d’euros) selon l’entreprise. Matolcsy a rajouté que « la politique économique doit désormais se focaliser sur le « triangle du succès » dessiné par la croissance économique, la création d’emplois et la stabilité fiscale ».

Mauvaise semaine, donc, pour certaines sociétés françaises implantées en Hongrie, telles que EDF, GDF-SUEZ, VINCI, Auchan, Cora ou encore Match…

Fin du soutien aux fonds de pension et abandon des Partenariats Public-Privé

Toujours dans sa volonté de réduire les dépenses de l’Etat, Viktor Orbán a également annoncé mercredi qu’il n’y aura plus de soutien aux caisses de retraites privées pendant au moins un an, à compter du 1er novembre prochain. Une économie prévue à hauteur de 420 milliards de forints (30 milliards par mois).

Même topo en ce qui concerne les contrats de PPP. Les financements publics prévus sont dorénavant suspendus, les partenariats en projet seront abandonnés, quant à ceux qui sont en cours, ils seront renégociés.

Une économie convalescente qui voit à peine le bout du tunnel

A l’initiative des objectifs sur le plan du déficit budgétaire l’an dernier, l’opposition socialiste n’a pas grand chose à dire, si ce n’est émettre des craintes quant aux répercussions que les nouveaux impôts annoncés cette semaine auront indirectement sur le coût de la vie. Son influence au Parlement étant quasi réduite à néant, à quoi bon élever la voix ? D’autant que la Hongrie, malgré son économie fragile, semble finalement sortir de la récession.

Sollicitée comme jamais dans ses exportations, elle voit sa production industrielle gonfler à vue d’oeil depuis huit mois (+15% sur une base annuelle). Cependant, comme dans tout réveil de coma, il existe un risque réel, d’ailleurs souligné dès jeudi par Júlia Király, vice-présidente de la Banque centrale hongroise : les nouvelles mesures de taxation exceptionnelle annoncées cette semaine pourrait bien faire sérieusement grimper les prix et provoquer une forte inflation qui aurait un effet pervers sur la croissance, si chère à  Matolcsy.

Du côté des banques, une information selon laquelle trois grandes banques menaceraient de quitter la Hongrie a été rapportée par Népszabadság, sans que le quotidien ne révèle les noms de ces banques. Júlia Király est immédiatement montée au créneau pour démentir et dénoncer une simple « rumeur ».

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