Dans le prolongement de sa victoire aux législatives le 3 avril (54%), le Premier ministre Viktor Orbán a annoncé la composition de son cinquième gouvernement vendredi, puis prêté serment devant le parlement qui l’a reconduit au poste de premier ministre lundi.
Lundi, devant les 199 députés réunis pour la première fois depuis les élections législatives remportées haut la main par le Fidesz, devant ses 135 députés, Viktor Orbán a fait du Viktor Orbán.
Les 54% des voix glanées le 3 avril l’ont été en dépit de « la gauche hongroise et ses alliés internationaux, politiciens, financiers et médias [qui] se sont tous rassemblés contre nous » et de « Bruxelles et George Soros [qui] jouaient aussi pour assurer notre chute ».
La Hongrie est, de son avis, attaquée du fait qu’elle serait devenue, avec la Pologne, « le dernier bastion chrétien et conservateur du monde occidental ». Mais, a assuré le premier ministre, « nous continuerons à défendre nos frontières et nos familles, nous ne laisserons pas entrer les migrants ni les activistes du genre entrer dans nos écoles […] ».
Toutefois, celui qui va diriger le pays quatre ans de plus a évacué l’hypothèse d’un Huxit. « Dans la décennie à venir, il est dans notre intérêt de rester membre de l’Union européenne », a-t-il déclaré, promettant toutefois de continuer à essayer de la redéfinir de l’intérieur, au profit de la souveraineté de ses membres.
« La Russie est l’agresseur »
La guerre qui fait rage entre les forces russes et ukrainiennes sur le flanc oriental de la Hongrie n’a pas été occultée par Viktor Orbán. Il a estimé que « rester en dehors de cette guerre et protéger la paix et la sécurité de la Hongrie sera la tâche la plus importante de la prochaine décennie ». « Ce ne sera pas facile, car nous subissons une énorme pression internationale », a-t-il ajouté.
Il a toutefois pris soin de souligner que « l’Ukraine a été attaquée et la Russie est l’agresseur. C’est pourquoi nous soutenons l’Ukraine et pourquoi nous avons lancé la plus grande opération d’aide humanitaire de l’histoire de la Hongrie ».
Le nouveau gouvernement
La reconduction de Péter Szijjártó au poste de ministre des Affaires étrangères et du Commerce semble indiquer qu’il n’y a pas de revirement à attendre sur le volet diplomatique. Ce dernier a récemment reçu l’Ordre de l’amitié du mérite des mains du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. En outre, Szijjártó pourrait avoir la charge de l’agrandissement de la centrale nucléaire de Paks (réalisé par la Rosatom) et des affaires énergétiques internationales, selon le site d’information 24.hu.
De plus, Kristóf Szalay-Bobrovniczky, qui détient une participation dans une entreprise avec le plus grand producteur russe de wagons a été propulsé au poste de ministre de la Défense.
Autre source d’inquiétude pour les opposants du Fidesz, Antal Rogán, un dauphin du premier ministre, à la direction du cabinet du premier ministre, aura la main sur les services secrets du pays.
Viktor Orbán pourra encore compter sur la pugnacité de Judit Varga au ministère de la Justice pour s’opposer aux procédures d’infractions lancées par la Commission européenne contre Budapest. A noter qu’elle sera l’unique femme de ce gouvernement.
Enfin, la nomination de Tibor Navracsics au développement régional, et donc en charge des fonds européens, ancien commissaire européen, respecté et perçu à Bruxelles comme un modéré du Fidesz, peut être interprété comme un signe d’apaisement vis-à-vis de l’UE.
Voici la composition du gouvernement Orbán V
Péter Szijjártó – Affaires étrangères et Commerce
Mihály Varga – Finance
Judit Varga – Justice
Sándor Pintér – Intérieur
Gergely Gulyás –Chancellerie
János Lázár – Construction et Investissement
István Nagy – Agriculture
János Csák – Culture et Innovation
Márton Nagy – Développement économique
László Palkovics- Technologie et Industrie
Tibor Navracsics Développement régional et fonds européens
Antal Rogán – Chef du Cabinet du premier ministre
Zsolt Semjén – Vice-premier ministre en charge de la politique nationale
Kristóf Szalay-Bobrovniczky – Défense