Sur la place Kossuth hier soir, le grand calme avant la tempête

Le rassemblement anti-Orbán prévu hier soir devant le Parlement à Budapest a tourné court. La raison : une violente grêle qui s’est abattue sur les manifestants.

Non content d’être le Premier ministre le plus puissant de l’histoire de la Hongrie, Viktor Orbán semble désormais gouverner les cieux et les météores. Une grêle s’est abattue hier soir sur les quelques milliers de manifestants anti-gouvernementaux venus contester l’investiture du nouveau Parlement hongrois, un mois après des élections législatives que tous les partis d’opposition et l’OSCE ont jugé inéquitables.

Après les démonstrations de force réussies des 14 et 21 avril qui avaient réuni autour de 100 000 personnes à Budapest et en province, l’engouement initial semble être retombé pour de bon. « On cherche à marier des gens qui ne veulent pas être ensemble », regrettait dans la foule un manifestant arborant un t-shirt du Jobbik et se sentait visiblement gêné parmi autant de drapeaux européens et de ballons de baudruche frappés des logos des partis de gauche.

Second élément d’explication de cette démobilisation : l’absence de stratégie et de sens tactique des organisateurs, lesquels ont préféré miser sur une impossible démission de Viktor Orbán plutôt que sur le recompte des bulletins contestés. Et pour couronner le tout, la multiplication d’initiatives isolées lundi soir et hier toute la journée ont achevé de rendre illisible une communication peu maîtrisée.

Le violent orage qui s’est abattu hier soir sur la région de Budapest a brutalement écourté la manifestation une heure à peine après son commencement. Une courte mais violente averse de grêlons a dispersé la foule autour de 19h, au moment où la harangue du maire de Ács, l’ex-Fidesz Béla Lakatos, commençait à produire son effet. Abrités dans l’entrée d’un immeuble à deux pas de la place, un manifestant n’a pas manqué d’humour pour souligner la guigne qui s’est acharnée sur le rassemblement : « J’imagine bien Viktor convoquer les nuages pour faire éclater l’orage du haut de sa tour, comme Saroumane dans le Seigneur des Anneaux ». Ce dernier sera désigné au poste de Premier ministre par le parlement et prêtera serment jeudi.

Ludovic Lepeltier-Kutasi

Journaliste, correspondant à Budapest. Ancien directeur de publication et membre de la rédaction du Courrier d'Europe centrale (2016-2020) et ancien directeur de la collection "L'Europe excentrée" (2018-2020).

×
You have free article(s) remaining. Subscribe for unlimited access.