Slovaquie : le patronat s’oppose au « paquet social » du gouvernement Fico

Promis par le Premier ministre Robert Fico dans son discours du 1er mai, le nouveau « paquet social » du gouvernement slovaque s’attire les foudres des principales organisations patronales.

Augmentation du salaire minimum, lutte contre le dumping social, congé de paternité : les mesures promises par le Premier ministre Robert Fico le 1er mai dernier ne sont pas au goût du patronat slovaque. La Fédération nationale des employeurs (AZZZ) et l’Union républicaine des employeurs (RÚZ) ont pris position ce jeudi contre le nouveau « paquet social » du gouvernement mené par les sociaux-démocrates (Smer-SD).

Au cours d’une conférence de presse commune à Bratislava, AZZZ et RÚZ ont estimé que les principales dispositions du projet de loi dégraderont le climat entrepreneurial du pays alors que la croissance de la Slovaquie connait une embellie depuis 2013. Pour Rastislav Machunka, vice-président de l’AZZZ, la hausse du coût du travail se répercutera mécaniquement par une hausse des prix dont devra s’acquitter à court terme la population slovaque. Si l’AZZZ et RÚZ conviennent de la popularité de la réforme proposée, le « paquet social » reste à leurs yeux un projet « populiste ».

Les organisations patronales ont également reproché à Robert Fico de ne pas s’être concerté avec les partenaires sociaux avant de faire ses annonces lors de son discours de la fête du travail. « Il est absurde d’apprendre du haut d’une estrade qu’il existe un projet de modification du code du travail. Le dialogue social n’est que formel dès lors qu’il s’agit des questions-clé ; concernant l’augmentation du salaire minimum, nous sommes réduits à jouer les figurants », a notamment critiqué Ľuboš Sirota, vice-président de RÚZ. Vexés d’avoir été mis au pied du mur par la communication gouvernementales, AZZZ et RÚZ ont menacé de boycotter le conseil tripartite si l’exécutif ne changeait pas de comportement.

Le ministre du travail Ján Richter a réagi en déclarant que les propositions de Robert Fico étaient ouvertes. Si le gouvernement s’estime prêt à discuter avec toutes les parties concernées par la réforme, Richter estime qu’« il revient aux partis de la coalition gouvernementale de s’entendre sur le contenu définitif du paquet social ».

Robert Fico avait déclaré lundi vouloir augmenter progressivement le salaire minimum, de manière à ce qu’il dépasse les 500€ en 2019. Les heures de nuit ainsi que le travail le dimanche et les jours fériés devraient aussi être sensiblement revalorisés, tandis que le congé de paternité s’étalerait sur 10 jours.

A rebours des autres pays d’Europe centrale

Ces mesures sont censées être la réponse slovaque aux critiques ouest-européennes sur le dumping social. Si elles sont adoptées, elles prendraient à rebrousse-poil la politique de modération salariale menée depuis la crise par les pays d’Europe centrale. Selon l’économiste Béla Galgóczi cité par La Tribune, dans les ex-pays de l’Est, « les salaires ne sont pas seulement plus bas qu’en Europe de l’Ouest mais… tendent aussi à être plus bas que le potentiel économique de ces pays permettrait », concluant que « le dumping social maintient la région dans un rôle de subordination et de dépendance dans la division internationale du travail ».

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