Après des semaines d’atermoiements, le premier ministre slovaque s’est finalement résigné à demander le départ du chef de la police slovaque, Tibor Gašpar. Celui-ci devra quitter ses fonctions au 31 mai au plus tard. Une nouvelle tête roule dans le sillage de l’assassinat du journaliste Ján Kuciak.
« Nous perdons un grand professionnel, mais il était la cible d’une pression politique énorme. Nous avons convenu, afin d’apaiser les tensions et la pression médiatique sur la police, qu’il démissionnerait d’ici la fin du mois de mai », a déclaré mardi le récemment désigné Premier ministre, Peter Pellegrini.
Le printemps slovaque qui secoue la caste politique depuis plusieurs semaines continue donc de fleurir. Les dizaines de milliers de manifestants qui protestent régulièrement depuis le début du mois de mars à Bratislava et dans les principales villes du pays ont déjà eu raison du ministre de l’Intérieur Robert Kaliňák, du Premier ministre Robert Fico et du chef de la police spécialisée dans les affaires de corruption.
Le « mouvement pour une Slovaquie intègre » réclamait la démission de Tibor Gašpar, le plus haut gradé de la police, depuis plusieurs semaines. C’était la condition sine qua non, selon ses organisateurs, de faire la lumière sur le double assassinat, à la fin du mois de février, de deux jeunes gens de 27 ans : le journaliste Ján Kuciak qui enquêtait sur des affaires de corruption impliquant des membres du gouvernement et sa compagne Martina Kušnírova.
Dimanche dernier, environ trente mille personnes sont descendues dans les rues de la capitale de la Slovaquie. Un peu plus tôt cette semaine, c’est le tout nouveau ministre de l’Intérieur, Tomáš Drucker, qui avait présenté sa démission, se révélant incapable de régler le cas Tibor Gašpar.
Le président de la République Andrej Kiska, une personnalité estimée qui a pris le parti de la contestation populaire dès le début de la crise, s’est félicité de la décision de Peter Pellegrini : « Je considère que le départ du directeur de la police à la fin du mois de mai est une condition essentielle pour que le gouvernement de Peter Pellegrini puisse calmer la situation dans la société ».
Andrej Kiska a également estimé que « le choix du nouveau ministre de l’Intérieur sera primordial. La crédibilité de l’ensemble du gouvernement en dépend. Le nouveau ministre devra renforcer les garanties d’indépendance et d’impartialité de l’enquête sur les meurtres de Ján Kuciak et Martina Kušnírova ».