Selon le rapport 2018 de Reporters sans frontières (RSF), la liberté de la presse continue de se dégrader sur l’ensemble du continent, et encore plus fortement en Europe centrale, où un journaliste a même été assassiné.
Dans son rapport publié cette semaine, l’ONG Reporters sans frontières fait état d’une dégradation généralisée de la situation en Europe. Cette dégradation est encore plus marquée en Europe centrale, où tous les pays accusent un recul. Sur les cinq plus fortes baisses du Classement mondial 2018, trois sont des pays du centre et du sud-est de l’Europe : la République tchèque (34e, -11), la Serbie (76e, -10) et Slovaquie (27e, -10).
Alors que les premières places du classement sont squattées par les pays d’Europe du Nord, la Hongrie pointe au 73e rang mondial, la Pologne est 58e, la République Tchèque 34e et la Slovaquie : 27e.
RSF met particulièrement en cause les discours de haine à l’égard des journalistes, souvent du fait des politiciens eux-mêmes, ainsi que la concentration des médias dans les mains d’oligarques. Bien sûr, le fait marquant de cette année dans la région est l’assassinat d’un journaliste d’investigation en Slovaquie, Ján Kuciak.
« Les attaques et les pressions viennent de plus en plus souvent des responsables politiques qui créent un climat d’hostilité envers les journalistes », écrit RSF, qui rappelle par exemple l’attitude du président tchèque Milos Zeman lors d’une conférence de presse, muni d’une kalachnikov factice sur laquelle était inscrite l’expression « pour les journalistes ». Quant au dirigeant slovaque Robert Fico, il s’est distingué en traitant les journalistes de « sales prostituées anti-slovaques » et de « hyènes idiotes ».
« Les journalistes doivent aussi faire face aux assauts des organisations criminelles qui opèrent en Europe. Leur bête noire : les journalistes d’investigation […] ». On peut dire que le jeune Ján Kuciak, assassiné à la fin du mois de février en Slovaquie, a été victime de ces deux tendances combinées, pointées du doigt par RSF.
La Hongrie et la Pologne réalisent des scores encore pires, du fait notamment de la mise au pas des médias publics, au profit de partis au pouvoir aux tendances autoritaires. RSF rappelle également que le Premier ministre Viktor Orbán a a fait de George Soros l’ennemi public numéro 1, l’accusant de « soutenir des médias indépendants dont l’objectif serait de « discréditer » la Hongrie auprès de l’opinion internationale ».
L’atmosphère en Hongrie est assez ressemblante de celle qui prévaut dans la Serbie d’Aleksandar Vucic « qui utilise les médias pro-gouvernementaux pour intimider les journalistes », accusés de « traîtrise » et d’être des « espions à la solde de l’étranger ».
Cette atmosphère nauséabonde n’est pas l’apanage des seuls pays d’Europe centrale, écrit toutefois RSF…