Quand le porno amateur dérape à Budapest

La semaine dernière, accompagnée d’une équipe de télévision, la police a effectué une perquisition dans un studio pornographique clandestin, aménagé dans un appartement à Újpest.

La petite entreprise reposait en réalité sur un simple traquenard qui consistait à rabattre des femmes crédules et leur faire tourner des séquences « sado-masos » contre leur gré. Budapest, autrefois surnommée « capitale du porno », est elle aussi en proie à toutes les dérives du porno amateur numérique.

Quatorze individus ont été interpellés et trois d’entre eux sont aujourd’hui inculpés pour abus de confiance et traitement dégradant sur des personnes ignorant qu’elles allaient participer à des films sado-masochistes. La police a eu la puce à l’oreille après avoir reçu une lettre anonyme de la part d’une femme disant avoir répondu à une annonce pour faire des photos de charme. A aucun moment elle ne pensait qu’on allait l’obliger à des pratiques sexuelles devant une caméra. La lettre mentionnait un numéro de téléphone cellulaire. La police s’est rendue compte plus tard qu’une mère de sept enfants avait été ligotée et fouettée contre sa volonté, et c’est à ce moment-là qu’elle a décidé d’intervenir.

Les lieux de tournage ayant été vidés, la police a retrouvé des installations, des chaînes, des fouets et toutes sortes d’accessoires sado-masochistes dans le studio improvisé. Même un poste de secours dans l’appartement d’à côté avait été prévu, avec un ambulancier professionnel assurant des permanences. L’infirmier a bien sûr été interrogé lui aussi, et il encoure des poursuites si sa complicité avec les pornographes est avérée. Tous les enregistrements (numériques bien entendu) ont été placés sous scellés. Les films étaient proposés à la vente par Internet, où, pour des sommes rondelettes, les internautes lubriques pouvaient regarder le tournage en ligne en temps réel. Le chef de la police du quatrième arrondissement, József Bárányi, a trouvé bon de déclarer que les actes sexuels auxquels les victimes ont été forcées étaient « horribles ». Derrière les barreaux, nul doute qu’en retour, leurs instigateurs goûteront eux aussi aux joies du sexe obligatoire…

Ce genre de business clandestin constitue non seulement une concurrence déloyale dans le secteur du porno, mais profite de la détresse des femmes qui sont les premières victimes de la morosité économique. A l’amoralité de l’entreprise et au viol de ces femmes, s’ajoute la mise en danger délibérée de leur intégrité physique. A l’heure où l’industrie traditionnelle de la pornographie traverse une grave crise partout où elle a réussi à améliorer sa réputation, les studios clandestins qui pratiquent le porno numérique se multiplient encore plus vite à Budapest qu’ailleurs dans l’Union européenne. Certains pays du tiers-monde en Amérique du sud et en Asie du sud-est, ainsi que la Californie bien sûr, restent cependant les leaders en la matière.

Un reportage vidéo de la descente de police dans le « studio », digne des plus grandes oeuvres du droit de savoir de Charles Villeneuve, est diffusé sur Pestiside.hu

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