Hongrie : Profs et élèves se rebiffent…en chemise à carreaux

Après la manifestation massive des enseignants devant le Parlement de Budapest samedi 13 février, le mouvement maintient la pression contre le gouvernement hongrois et prend une nouvelle tournure. Vendredi dernier, professeurs et élèves de tout le pays ont arboré des chemises à carreaux en signe de ralliement.

chemise
Budapesti Gépészeti Szakképzési Centrum (photo collectée par le site 444.hu)

Ce nouvelle forme de protestation de la société civile a débuté après que l’ancien ministre pour l’enseignement supérieur et membre de l’académie des Sciences de Hongrie Istvàn Klinghammer ait déclaré :

« Nous avons besoins de professeurs qui sont intelligents, moraux, et qui transmettent ces valeurs à leurs étudiants. C’est pourquoi je suis furieux quand je vois à la télévision des enseignants, mal rasés, sales et qui se trimballent en chemise à carreaux. Il faut savoir qu’un professeur montre également l’exemple à ses étudiants par son apparence. ».

Parmi de nombreuses réactions de personnalités publiques comme les chanteurs Zsuzsa Koncz et Jànos Brodi, notons celle de Robert Alföldi, grande figure de la vie culturelle hongroise, acteur et ancien directeur du Nemzeti Szinhàz (théâtre national). Il a rétorqué qu’il ne serait pas celui qu’il est s’il n’avait pas été éduqué par les enseignants qui ont été les siens; et de lancer cet appel : « Chers professeurs, parents, enfants et tous : la chemise à carreaux pour le futur ! »

En quelques heures, la chemise à carreaux est devenue l’emblème de la contestation : des quotidiens nationaux comme Népszava dont l’édito de vendredi prônait une « solidarité de la chemise à carreaux » jusqu’aux profils facebook de nombreux étudiants et professeurs, tous ont arboré le vêtement.

En réponse, le ministre des Ressources humaines du gouvernement Fidesz, Zoltàn Balog, a posté une photo de lui en chemise blanche et cravate alors qu’il assistait à un concours international de la recherche scientifique étudiante avec le message suivant : « ces jeunes fréquentent des écoles hongroises et font partie de l’élite mondiale. Ici tout le monde est venu avec une chemise blanche, mais ce n’est pas la chemise l’important mais la performance. »

La division de la société hongroise entre pro et anti gouvernement continue de progresser. Des milliers de parents d’élèves appellent à ne pas envoyer leurs enfants à l’école le 29 février et une grande manifestation est aussi prévue le 15 mars, jour de fête nationale.

Suzanne Tisserand

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