Premier accrochage majeur entre Roms et miliciens d’extrême-droite

Cela fait plusieurs semaines que Hu-lala, informé par des sources locales de la tension extrême qui règne dans certains villages, alerte sur le risque de heurts interethniques dans les campagnes de Hongrie. Hier soir à Gyöngyöspata, une rixe entre Roms et miliciens de Véderö a fait quatre blessés, dont un grave.

Malgré les émouvantes déclarations gouvernementales jurant que « plus jamais ça » et que la police républicaine assurera désormais l’ordre et la sécurité, le temps des milices n’est vraisemblablement pas fini en Hongrie. La situation continue même de se dégrader, lentement mais surement. Depuis plusieurs jours, les petites escarmouches se sont multipliées à Gyöngyöspata d’où – contrairement à ce que rapportaient docilement les médias nationaux – les miliciens de Véderö n’ont pas tous été chassés par la police de leur camp d’entraînement pascal. Certains se sont fondus dans la population locale, dont une bonne partie soutient leur action. Un adolescent rom agressé physiquement, une femme hongroise frappée alors qu’elle insultait une autre femme rom, des vitres d’une maison brisées par des jets de pierre, etc. Les Roms habitant hors du quartier rom du village sont particulièrement exposées aux provocations et aux menaces.

Hejöszalonta, avril 2011 (HU-lala/Corentin Léotard)

Mardi soir entre 21h et 22h, des heurts ont éclaté. Quatre blessés, dont un grave, ont été transportés vers l’hôpital proche de Hatvan. [Le récit détaillé en anglais des évènements de mardi soir sur le site GyongyospataSolidarity] Les représentants roms, les autorités locales et la police indiquent tous que la situation est au bord de l’explosion. Le porte-parole de la préfecture de police du département de Heves, Bálint Szoltész, a confirmé à Index.hu qu’une nouvelle étape avait été franchie mardi soir. Des centaines de policiers auraient été dépêchés sur place pour séparer les deux groupes,  rapporte MTI.

Cela fait des semaines que ces « miliciens » effectuent un travail de sape des relations interethniques locales en harcelant la communauté rom de Gyöngyöspata pour la pousser à la faute. Szébbjövöért, Véderö, Magyar Nemzeti Garda, etc., peu importe leur nom, elles partagent le même objectif : l’escalade jusqu’au conflit. Cette stratégie du pire poursuivie avec le blanc-seing de Jobbik risque bien de s’avérer payante. L’Etat serait bien avisé d’agir avec la fermeté dont il est capable de faire preuve lorsqu’il s’agit d’œuvrer dans son intérêt direct avant que la situation ne devienne totalement ingérable.

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Corentin Léotard

Rédacteur en chef du Courrier d'Europe centrale

Journaliste, correspondant basé à Budapest pour plusieurs journaux francophones (La Libre Belgique, Ouest France, Mediapart).

8 Comments
  1. Évidement c’est la faute des milices. Pourquoi n’ai je pas vu que toutes les tensions entre roms et non-roms ne sont que de leur faute ??
    Merci beaucoup, je suis vraiment éclairé maintenant grâce à vous.

  2. Pourquoi cet article ne parle pas de la menace que les gitans represent. Combien de retraités ont été massacré d’une facon trés sadique par cette minorité ces derniers mois? Ce sont seulement les hongrois qui ont le droit de trembler de peur? Les gens ont besoin de la protection,mais malheuresement la police est incapable d’assurer cette protection, ainsi les gens doivent résoudre ce probléme eux-memes et nous devons soutenir leur effort.

  3. @ Eisbrecher et Robert
    Sauf que les Roms sont nés Roms sans avoir rien demandé, le resterons et serons victimes de préjugés en tant que Roms… Des crimes ou délits sont commis par des Roms: tous coupables! et si facile à reconnaitre!… Alors que ces miliciens ont fait un choix, et quand il leur plaira, ils enlèveront leurs uniformes et redeviendrons semblables à monsieur et madame tout le monde.

  4. si rien ne le contredit, rien non plus le confirme.
    donc citez les cas exacts des ces « retraités massacrés d’une facon trés sadique par cette minorité ces derniers mois » et vos sources, apres on pourra voir si ce sont des faits ou tout simplement des fabulations de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours…

    de mon cote, je ne dis pas que ce n’est pas vrai ni dans un cas nis dans l’autre, je dis que c’est un peu facile des deux cotes…
    il y a des brebis galeuses des 2 cotes, celui des miliciens comme celui des roms.
    il faut plus faire la lutte a la betise et au manque d’education (valable des 2 cotes) plutot qu’a l’attaque des gens… Mais cela est bien plus difficile a faire car il faut: reflechir, s’engager et patienter que le travail porte ses fruits.
    un jardinier ne fera jamais rien pousser en 1 seul journee…

  5. @ Eisbrecher, @ Robert,

    Contrairement à ce que suggère le mépris du Fidesz et de leurs amis pour la presse étrangère et les avis internationaux (qui ne comprendront décidément jamais rien à la situation si spécifique de la Hongrie), je vous conseille de lire ce qui s’écrit à l’étranger sur cette crise: sortez de votre bulle !

    Imaginez-vous des patrouilles du Front National dans les rues de la banlieue parisienne du « 93 » en train de faire respecter « l’ordre français » ?? Des retraites au flambeau dans des villages hollandais ? Des défilés paramilitaires sur une place de Londres ?

    Si des crimes ont été commis, c’est à la police et à la justice d’agir contre ces *individus* en tant que personnes et non pas en tant que *membres d’une communauté*, sinon c’est définir une responsabilité *collective* d’une communauté et là on est dans le racisme pur et simple qui conduit direct au pogrom, genre Nuit de Cristal ou Russie-1905.

    La responsabilité collective n’existe pas dans un Etat de droit démocratique moderne. De même que ne devrait pas exister la séparation sémantique entre tsiganes d’un côté et Hongrois de l’autre: 99% des roms sont des citoyens hongrois, eux aussi. A côté de la fermeté, c’est une politique d’intégration sérieuse qu’il faudrait mener en commençant par éduquer les jeunes à l’idée de citoyenneté commune.

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