En août dernier, l’Université de Debrecen a décidé d’honorer le président de la fédération de Russie Vladimir Poutine du titre de citoyen d’honneur. Cette distinction lui sera accordé en remerciements du rôle octroyé à l’Université dans la conduite du projet « Paks 2 ». Cependant, cette décision est loin de faire l’unanimité et certains professeurs de Debrecen s’insurgent, comme le relaie Népszava.
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Article publié dans le journal « Népszava » le 16 septembre 2017 sous le titre Putyin, a díszpolgár – Raportra hívják a tanszék munkatársait?. Traduction réalisée par Paul Maddens. |
Les membres de la chaire de droit constitutionnel qui se désolidarisent de la décision accordant à Poutine le rang de citoyen d’honneur sont « attendus pour discussion » ce jeudi 21 septembre à la salle des fêtes de l’Université de Debrecen. Les personnes concernées ont reçu leur convocation par e-mail. Le message emploie la 3e personne du pluriel et utilise la formule « ils attendent les collègues » (…) . Szilvássy Zoltán, le directeur administratif convoque les récalcitrants jeudi à 8 heures. D’après son mail , il semblerait que lui-même ait reçu l’information le vendredi 15 septembre.
Comme l’a révélé le Népszava, le « sénat » de l’Université de Debrecen a pris sa décision au milieu du mois d’août. La justification serait que l’Université forme des professionnels qualifiés pour le projet de Paks II [1] projet d’extension de la centrale nucléaire de Paks dans lequel la Russie prend une grande part, mais cette décision reste évidemment politique. Poutine ne s’est pas rendu à Debrecen lors de sa dernière visite en Hongrie (bien qu’il y était attendu) mais il est probable qu’il revienne au début de l’année prochaine. Des commentaires contestant cette décision ont été postés sur la page Facebook de l’université, où la chaire de droit constitutionnel avait rendu public sa position.
On peut y lire : « Notre département se désolidarise de la décision du sénat de l’Université de Debrecen qui attribue le titre de citoyen d’honneur à Vladimir Vladimirovich Poutine, président de la Fédération de Russie. En agissant ainsi, le sénat a fait peu de cas de ses citoyens qui ont contribué à la renommée difficilement acquise de cette institution et ce, dans le cadre concurrentiel de la liberté d’enseignement et de la science. Pour nous, la glorification des autocrates est inacceptable, elle s’oppose à tout ce dont nous sommes porteurs dans notre travail professionnel universitaire ».
« La glorification des autocrates est inacceptable »
D’autres aussi ont protesté, le plus connu étant Vajda Mihály, philosophe et lauréat du prix Széchenyi[2]prix hongrois remis à des personnalités magyarophones ayant apporté une contribution importante à la vie académique hongroise, qui a rendu son titre de professeur émérite de l’Université de Debrecen. Le recteur de l’Université s’est exprimé à la télévision locale : pour lui la polémique autour du titre de citoyen d’honneur est ridicule puisque sur les 216 chaires de l’université, seuls 4 s’y sont opposés. Selon Szilvássy Zoltán « si dans une université, quelques chaires se laissent aller à de telles choses, c’est qu’il y a des problèmes. Il faut les examiner et nous le ferons. Nous verrons si quelqu’un a commis une faute, s’il a dépassé son champ de compétence et nous rendrons compte plus tard des résultats ». A son avis « il y a quelques andouilles impuissantes, aveugles, incapables » qui se sont dit « hou là là, la presse s’empare de l’affaire, c’est l’occasion ».
Dans le même temps, l’Institut de Politique Publique Eötvös Károly a exposé son point de vue dans une lettre ouverte : la nomination de Poutine au titre de citoyen d’honneur est non seulement inacceptable mais constitue aussi une atteinte au droit.
Vague d’indignation contre l’Université de Debrecen qui va décorer Poutine