Pour lutter contre le coronavirus le clergé polonais appelle à…célébrer plus de messes

En Pologne, pour faire face au Coronavirus, tous les rassemblements et événements culturels sont annulés jusqu’à nouvel ordre. Si le pays se cloître pour lutter contre la propagation du virus, l’Église de Pologne a pris des mesures et des positions particulières en ces temps d’épidémie.

Alors que les autorités polonaises mettent en place des mesures drastiques pour lutter contre la propagation du Coronavirus, le clergé polonais a appelé à un redoublement de prières et d’offices religieux dans ses paroisses.

Le 12 mars, déjà, une messe accueillant une grande affluence a eu lieu dans le Temple de la Divine Providence (Świątynia Opatrzności Bożej) à Varsovie, où la liturgie s’est tenue à l’encontre de toutes les plus récentes consignes sanitaires : la plupart des fidèles ont pris la communion directement en bouche, pas à la main, ce qui revient à ingérer directement le virus. Un grand nombre de prêtres et d’éminents membres du clergé polonais, comme l’archevêque de Varsovie, le cardinal Nycz ou l’archevêque de Cracovie, le cardinal Dziwisz ou encore le nonce apostolique étaient présents lors de cette cérémonie sans que ces derniers n’appliquent aucune des mesures de prévention recommandées.

Mais plusieurs consignes ont pourtant été diffusées dans les paroisses. Ainsi, afin de répondre à plusieurs impératifs sanitaires, il a récemment été annoncé qu’il n’y aurait pas d’eau dans les bénitiers et que les fidèles devaient renoncer à embrasser les reliques ou à se serrer la main en signe de paix. Le pèlerinage des diplômés du secondaire et les retraites pour les écoles ont été abandonnés.

D’autre part il est recommandé « aux évêques diocésains d’accorder une dispense de l’obligation de participer à la messe du dimanche jusqu’au 29 mars de cette année aux personnes âgées, aux personnes présentant des signes d’infection, aux écoliers ou adolescents ou adultes qui les encadrent. » On préconise vivement à ces personnes d’assister au service via la radio ou à la télévision.

« Les hôpitaux traitent les maladies du corps, les églises soignent les maladies spirituelles. »

Néanmoins, l’Église polonaise ne semble en effet pas envisager de voir ses lieux de culte se désemplir, bien au contraire. À l’occasion de la tenue de la Conférence épiscopale polonaise du 12 mars, le Président de la Conférence l’archevêque S. Gądecki, a ainsi appelé les fidèles à redoubler de ferveur : « Dans la situation actuelle, nous vous rappelons que, tout comme les hôpitaux traitent les maladies du corps, les églises soignent les maladies spirituelles. Il est donc inimaginable que nous ne priions pas dans nos églises. Par conséquent, nous encourageons tous les fidèles à se rendre dans nos églises, au moins pour une prière personnelle zélée en dehors de la liturgie. »

L’archevêque Gądecki et l’archevêque Głódź appellent donc à augmenter le nombre de messes pour diluer le nombre de fidèles dans les différents offices. De leur côté, les politiciens membres du PiS, en solidarité avec les évêques, ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils allaient également se rendre à l’église dimanche. Le sénateur Stanisław Karczewski, qui est lui-même médecin, a ainsi déclaré : « Oui, j’irai le matin à 7 heures, quand il y aura très peu de monde et je serai à l’église. »

Loin de nier la dangerosité du virus, l’église polonaise affirme en prendre la juste mesure. En effet, les autorités ecclésiastiques comparent volontiers la situation actuelle au règne de la peste noire, période pendant laquelle les prières, selon eux, étaient un antidote efficace contre la maladie. Ils ajoutent que le monde actuel est même menacé par des fléaux bien plus dangereux, « comme l’idéologie du genre. »

Gwendal Piégais

Docteur en histoire

Université de Bretagne occidentale, spécialisé en histoire militaire, Première Guerre mondiale, Europe Centrale, Russie impériale et soviétique

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