Porte-monnaie hongrois 2/4 : « Mes parents ne peuvent pas me soutenir »

Dans le cadre d’un cours de français au Kollégium Saint Ignace de Budapest (Szent Ignác Jezsuita Szakkollégium), les étudiants ont mené une série d’interviews inspirés de la rubrique « Votre porte-monnaie au rayon X » de Rue89. Pour comprendre le quotidien des Hongrois, les étudiants sont allés à leur rencontre pour décortiquer leurs revenus et leurs dépenses.

Par Martina Lautischer et Marion Decome

DSC_0229Richard Vörös a 22 ans et vient de Solymár, une petite ville à quelques kilomètres de Budapest. Il a fait une Licence à Szombathely en histoire et littérature allemande. Cela fait deux mois qu’il a commencé son Master en diplomatie culturelle à l’université Andrássy – la seule université allemande en Hongrie.

« Je pense que j’aurais beaucoup plus d’opportunité professionnelle avec cette formation. J’aimerais bien travailler en Ambassade à l’étranger un jour. »

Les parents du jeune étudiant travaillent dans des métiers qui ne leur procurent pas des revenus très élevés – sa mère est vendeuse et son père est carreleur – et sa petite sœur va aussi à l’école. Il est donc obligé de financer sa vie autour de l’université par lui-même. Il peut vivre chez ses parents à Solymár et il a une bourse de l’État hongrois qui couvre ses frais d’université. La plupart des étudiants hongrois choisissent la bourse d’État, mais cela signifie qu’ils s’engagent à travailler pendant plusieurs années en Hongrie après avoir obtenu leur diplôme.

Le témoignage de Richard Vörös donne l’impression d’une vie étudiante normale en Hongrie.

« Mes parents ne peuvent pas me soutenir financièrement, mais ils m’encouragent pour tout ce que je veux faire. »

Richard travaille 16 heures par semaine via une agence qui embauche surtout des étudiants pour des petits boulots de toutes sortes. Il s’occupe surtout de publicité dans des magazines et il donne un coup de main dans un supermarché. Il gagne 500 forints net de l’heure (1,65 euros), soit 25.000 forints par mois (82 euros).

Dépenses fixes par mois : environ 16.000 forints

Loyer : 0 forint – Richard habite toujours chez ses parents, proche de Budapest. Il ne paye pas de loyer et il peut manger avec eux quand il rentre de l’université.

Transports en commun : 4250 forints par mois

Téléphone portable : entre 3000 et 5000 forints par mois

Déjeuner pendant la période universitaire : environ 8000 forints par mois

« J’essaye de ne pas manger toujours au restaurant pour le déjeuner pendant l’université. Comme ça je peux économiser un peu d’argent. »

Dépenses variable : environ 8.000 forint par mois

Le loyer pour la salle de la répétition de son groupe « Karaul » : 4000 forints par mois

Richard est un musicien passionné – il joue de la batterie depuis plus de dix ans et il joue dans un groupe de Heavy Metal et dans un groupe de Punk rock.

« On se retrouve deux fois par semaine pour la répétition. La salle coûte 1000 forints par heure, mais on partage les frais. »

Sorties : 5000 forints par mois

L’étudiant aime bien aller boire un verre à l’occasion avec ses collègues d’université et ses amis.

Cigarette : 3000 forints par mois

Il fume entre deux et trois paquet par mois. « Fumer me détend. Par exemple quand on fait un concert, j’adore fumer une cigarette avant et après le concert. »

 Vêtements : 10.000 forints par an

J’achète rarement des vêtements, ce n’est pas important pour moi. Mes grands-parents et mes parents m’offrent des vêtements pour Noël et pour mon anniversaire.

Épargne par mois : 0 forint

Richard ne peut rien mettre de côté avec son salaire, parce que tout ce qu’il gagne va dans ses activités à côté de l’université.

Richard sais très bien que ses collègues allemands, qui font leurs études à Budapest, peuvent dépenser plus d’argent que lui et qu’ils ont un niveau de vie complètement différent, mais il n’est pas du tout envieux.

« Ils viennent d’un système différent, je ne suis pas jaloux. J’aimerais bien gagner un peu plus d’argent pour économiser et faire des voyages. Mais en gros, je ne peux pas me plaindre, parce que j’ai tout ce dont j’ai besoin. Je pense que je suis dans une situation normale pour un étudiant hongrois. No pain, non gain. »

Les premiers épisodes de la série « Porte-monnaie hongrois »

Marion Decome

Ancienne membre de la rédaction de Hulala.

1 Comment
  1. « cela signifie qu’ils s’engagent à travailler pendant plusieurs années en Hongrie après avoir obtenu leur diplôme. »
    Dans le texte cela sonne comme une contrainte.
    Pourtant il semble logique que l’on travaille dans son pays d’origine et rende à la collectivité une part de ce que l’on a reçu d’elle.
    En France également les instituteurs, les élèves infirmières, etc. ont la même condition et ne semblent pas trouver cela une contrainte.
    Au contraire cela complète la formation et donne une expérience qui permet si on le désire (pour les infirmières par ex.) de s’installer à son compte ou partir à l’étranger (la ville de Genève débauche systématiquement les infirmières des hôpitaux d’Annemasse et alentour).

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