Le Parti Droit et Justice (PiS) continue de resserrer son emprise sur la société polonaise avec l’assentiment d’une majorité relative d’électeurs. Mais il doit compter avec une opposition qui – impotente ou absente de la Diète – tente de continuer à exister dans la rue.
A l’instar du Fidesz en Hongrie, l’hégémonie législative du Parti Droit et Justice (PiS) est quasi-totale et lui permet d’affaiblir les contre-pouvoirs représentés par les médias, la Justice et certaines organisations de la société civile. Cet affaiblissement de la démocratie est dénoncé par des partis d’opposition et scrutée par la Commission européenne. Cette semaine, les événements se sont précipités dans la rue alors que le gouvernement de Beata Szydło, au pouvoir depuis l’automne 2015, a donné de nouveaux tours de vis.
Mardi 14 décembre – Les députés PiS ont fait adopter à la Diète (Sejm) une loi sur les rassemblements publics qui, selon l’opposition, permettrait de favoriser les partis gouvernementaux et les organisations religieuses au détriment d’initiatives émanant d’organisations citoyennes. Quelques dizaines de milliers de Polonais ont manifesté mardi contre cette « atteinte à la liberté d’expression », à Varsovie surtout, mais aussi dans les grandes villes de province.
Ce n’est pas un hasard si le mouvement de protestation a été aussi suivi : cette date correspondait au 35e anniversaire de la proclamation de l’« état de guerre » par le général Wojciech Jaruzelski, dans la nuit du 13 au 14 décembre 1981. Cette loi martiale s’était concrétisée par l’arrestation de six mille syndicalistes et la dissolution du jeune syndicat Solidarnosc (« Solidarité »), comme l’explique la revue Hérodote.
Vendredi 16 décembre – Plusieurs centaines de militants du « Comité de défense pour la démocratie » (Komitet Obrony Demokracji, KOD) ont protesté aux abords du Parlement contre un règlement intérieur de la Diète destiné à restreindre l’accès des journalistes aux parlementaires. En réaction à cette entorse à la liberté de la presse, les manifestants ont bloqué durant plusieurs heures les accès au Parlement, pour retenir à l’intérieur les députés du PiS, dont la première ministre Beata Szydło et le leader du parti Jarosław Kaczyński.
Samedi 17 décembre – En défense de la liberté de la presse, plusieurs milliers de personnes se sont réunies devant le palais Koniecpolski qui abrite la présidence, à l’appel du Comité pour la défense de la démocratie (KOD) et de partis d’opposition : Platforma Obywatelska (la « Plateforme civique » (PO), droite libérale-conservatrice) et Nowoczesna (« Moderne », centriste-libéral). Le président Andrzej Duda, membre du PiS, a proposé une médiation, mais depuis son élection en mai 2015, ce dernier n’a guère brillé ni par ses initiatives ni par son indépendance vis-à-vis du gouvernement.
Le leader du KOD, Mateusz Kijowski, a annoncé que des manifestations se dérouleront tous les jours devant les bureaux du PiS, déclarant que « l’opposition réunie fera tomber ce gouvernement totalitaire ». (Radio Poland)
Sources : Radio Poland, Polish Press Agency, Reuters. Photographie issue de la page facebook de Komitet Obrony Demokracji.