A Bytom en Haute-Silésie, des militants et organisations d’extrême droite ont dévoilé dimanche une stèle dédiée à la mémoire des « soldats allemands tombés durant les deux guerres mondiales ». Le parti allemand AfD et des groupuscules néonazis auraient participé à son financement.
C’est une plaque de pierre creusée dans le sol en forme de grande pierre tombale, qui a été dévoilée solennellement dimanche dernier au cimetière de Bytom, une ville polonaise de 180 000 habitants située en Haute-Silésie. Des jeunes militants d’extrême droite ont profité du « jour du deuil » allemand pour ainsi rendre hommage aux soldats allemands tombés lors des deux guerres mondiales, y compris les responsables d’exactions contre la communauté juive locale, décimée en 1942.
Les mots gravés sur la stèle font explicitement référence « aux combattants d’autodéfense et des membres des corps francs », les noms que s’étaient choisi les volontaires allemands de Bytom durant la Seconde Guerre mondiale. Il s’agissait d’unités paramilitaires qui ont été impliquées dans de nombreux crimes de guerre aux côtés des SS et de la police du Troisième Reich, rappelle l’historien Jens-Christian Wagner, cité par Der Tagesspiegel.
« Lorsque vous parlez d’autodéfense en Pologne, tout le monde pense automatiquement à la Seconde Guerre mondiale et à des dizaines de milliers de personnes assassinées », a renchéri l’universitaire auprès du quotidien allemand. « Ce monument est un affront incroyable, qui montre que l’AfD est désormais fermement arrimé à l’extrême droite », a-t-il également estimé.
Une stèle cofinancée par plusieurs militants d’extrême droite
Un député membre de l’AfD – acronyme du parti populiste Alternative pour l’Allemagne – a effectivement prêté son concours au financement de la stèle, à hauteur de 300 euros. Il s’agit du Bavarois Stephan Protschka, devenu tristement célèbre pour ses propos haineux contre les réfugiés et la chancelière Angela Merkel. « C’est un honneur pour moi », s’est-il félicité après le dévoilement de la stèle sur sa page Facebook.
Parmi les « généreux donateurs » figurant sur cette lugubre pierre tombale se trouvent également les « Jeunes Alternatifs » (Junge Alternativen), l’organisation de jeunesse de l’AfD, et l’on pouvait également y lire, avant d’être effacé, le nom des Jeunes nationalistes (JN), l’organisation de jeunesse du Parti national-démocrate d’Allemagne (NPD), un groupuscule aux racines explicitement néonazies.
« Les Souabes dehors ! »
Quant à l’initiateur de la stèle, il s’appelle Markus Tylikowski et est le président de la Fédération des jeunes de la minorité allemande de Bytom (BJDM), une organisation censée représenter les jeunes descendants de la population allemande autochtone, restée après le rattachement de la Haute-Silésie à la Pologne en 1945.
« Je suis surpris et choqué par cette affaire. Les membres m’appellent dans la matinée. Nous avons une réunion demain. La clarification de cette question sera une priorité », a réagi de son côté Marcin Lippa, le président de l’Association sociale et culturelle des Allemands de la province de Silésie, auprès de Gazeta Wyborcza.
Selon le quotidien polonais, d’autres militants d’extrême droite – polonais cette fois – ont vandalisé la stèle dans la nuit de dimanche à lundi, y écrivant « les Souabes dehors » – autre nom donné aux Allemands – en grosses lettres rouges flanquées d’une croix celtique.
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