Pologne : le PiS se défile, les anti-IVG crient à la « trahison »

Confronté à une vaste contestation, à une forte chute de popularité, et à des tensions dans ses propres rangs, le PiS cherche une porte de sortie dans la crise provoquée par la fin du droit à l’avortement.

Le Droit et Justice de Jarosław Kaczyński se trouve dans une impasse dont il peine à s’extirper. La décision du tribunal constitutionnel contre la légalité de pratiquer une IVG en cas de fœtus malade ou non-viable a jeté dans la rue des centaines de milliers de personnes. La contestation qui secoue le pays a culminé lors d’un grand rassemblement à Varsovie vendredi dernier.

La popularité du parti au pouvoir s’est trouvée fortement ébréchée, avec une chute de près de 10 points (de 40 % à 30 % d’opinion favorable), comme l’ont montré deux sondages consécutifs. Au sein du PiS aussi, l’interdiction quasi-totale de l’avortement ne fait pas l’unanimité, à en croire la presse polonaise, qui se fait l’écho de tensions croissantes dans la coalition de droite.

Jusqu’à ce jour, l’arrêt du Tribunal constitutionnel qui a mis le feu aux poudres n’a toujours pas été publié. De plus, le président de la République, Andrzej Duda, dont la propre épouse et la fille ont critiqué la décision de justice, a déposé un projet de loi pour faire machine-arrière.

Selon ce projet soumis à la Diète – mais dont la session au cours de laquelle les députés devaient le traiter a été reportée – l’avortement serait possible lorsque « des tests prénataux ou d’autres raisons médicales indiquent une forte probabilité que l’enfant naisse paralysé ou accablé d’une maladie incurable ou d’un défaut, entraînant inévitablement et directement la mort de l’enfant, indépendamment des actions thérapeutiques utilisées ».

« Nous nous sentons trompés par le président Andrzej Duda ».

Les anti-IVG en colère

Le PiS se défile et les sympathisants de la lutte contre le droit à l’avortement, très en colère, l’ont bien compris. Dans une lettre adressée au chef du parti, M. Kaczyński, l’Association polonaise des défenseurs de la vie humaine crie à la « trahison politique ». « Au cours des 30 dernières années, aucun homme politique polonais n’a autant déçu ses électeurs et d’une manière aussi honteuse qu’Andrzej Duda ».

« En tant qu’électeurs, catholiques et défenseurs de la vie, continue l’association, nous nous sentons trompés par le président Andrzej Duda et par le camp de la Droite unie, et rétrospectivement, nous devons reconnaître vos déclarations pro-vie comme de simples mensonges électoraux », jugeant que le projet de Duda revient à légaliser l’avortement « eugénique ».

Kaja Godek, la députée d’extrême-droite à l’origine du projet de loi « Stop avortement », a réagi sur Facebook : « L’eugénisme est eugénique, que l’enfant souffre d’un défaut léger ou grave. Honte, Monsieur le Président ! ».

Mgr Stanisław Gądecki, président de la conférence épiscopale polonaise, a jugé que l’Église ne peut pas faire de compromis sur la question du droit à l’avortement.

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