Jarosław Kaczyński rencontrera ce mercredi Santiago Abascal à Varsovie. Les présidents du PiS et du parti d’extrême droite espagnol Vox discuteront d’une éventuelle alliance des deux formations au sein du futur Parlement européen.
![]() |
Les élections européennes 2019 vues par Le Courrier des Balkans et Le Courrier d’Europe centrale |
Le président du parti Droit et justice (PiS) Jarosław Kaczyński rencontrera ce mercredi son homologue du parti espagnol Vox, Santiago Abascal à Varsovie. Selon le responsable de la campagne du PiS, Tomasz Poręba, les discussions porteront sur une éventuelle alliance des deux formations au sein du Parlement européen.
Fondé en 2013, Vox est longtemps restée une formation ultraconfidentielle dans une Espagne particulièrement étanche à la percée des partis d’extrême-droite. Souvent qualifié de « nationaliste » ou « d’islamophobe », ce parti a peu à peu gagné en visibilité lors de la crise entre Madrid et la Catalogne, grâce à un discours ferme sur l’unité de l’Espagne.
En décembre dernier, Vox est devenu – avec un peu plus de 10 % des voix – le premier parti d’extrême-droite à obtenir des sièges dans un parlement espagnol, en Andalousie.
Comme le rappelle le journal polonais Gazeta Wyborcza qui révèle l’information, on trouve parmi les inspirations de Vox le président états-unien Donald Trump, son homologue brésilien Jair Bolsonaro, la Française Marine Le Pen, le premier ministre hongrois Viktor Orbán, ainsi que le numéro deux du gouvernement italien Matteo Salvini.
S’adressant aux déçus du Parti populaire espagnol (PP, conservateurs), Vox s’est fixé trois priorités : le démantèlement des communautés autonomes, la suppression du Tribunal constitutionnel et le renforcement de rôle de l’État central. Le parti défend également, entre autres, l’érection « d’un mur infranchissable » entre les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla et le Maroc, la fin de la libre circulation des personnes au sein de l’Union européenne, ainsi que l’interdiction de l’avortement et l’abolition de la loi sur les violences envers les femmes.
Rompre l’isolement européen du PiS
En janvier dernier, Jarosław Kaczyński avait accueilli Matteo Salvini pour envisager déjà une possible alliance « eurosceptique » entre le PiS et la Lega aux élections européennes de ce printemps. On ne sait pas ce que s’étaient dit précisément les deux hommes, mais aux vues de ses déclarations, il semble que Matteo Salvini était rentré bredouille en Italie, sans accord de ralliement de la part du Polonais. L’entretien « s’est bien déroulé », avait-il alors fait savoir, ajoutant « nous avons entamé un dialogue », mais en reconnaissant aussi que « conclure une affaire en une demi-heure semble trop optimiste ».
Comme le Fidesz du premier ministre hongrois Viktor Orbán, le PiS cherche à rompre son isolement en Europe, surtout après le départ du Parti conservateur britannique de son groupe des « Conservateurs et réformistes européens » à l’occasion du Brexit. Se tenant habituellement à bonne distance des autres formations d’extrême droite réunies au sein de l' »Europe des nations et des libertés », le PiS et le Fidesz pourraient être tentés cette fois de former un large front populiste et anti-immigration avec elles, surtout si le Fidesz échoue dans son opération de droitisation du Parti populaire européen (PPE).
Le 8 mars dernier, Viktor Orbán avait certes réaffirmé sur les ondes de Kossuth Rádió vouloir transformer le PPE de l’intérieur pour que Matteo Salvini et Jarosław Kaczyński y trouvent leur place, mais avait reconnu dans le même temps entretenir des échanges avec Varsovie sur la possibilité de créer une nouvelle force politique européenne. « S’il faut construire quelque chose de nouveau, alors c’est évident que le premier pays avec lequel nous allons discuter c’est la Pologne », avait-il alors confié. L’assemblée politique du PPE devrait se prononcer aujourd’hui, en milieu d’après-midi, sur la procédure d’exclusion du Fidesz lancée par une dizaine de partis membres.