Pologne : épidémie de coronavirus, épidémie de haine

Le journal Gazeta Wyborcza constate « une vague de haine envers les personnes d’origine asiatique » en Pologne, tenues pour responsables de la crise du coronavirus. Et elles ne sont pas les seuls bouc-émissaires.

« Pour la première fois en Pologne, nous avons affaire à une véritable vague de haine envers les personnes d’origine asiatique. Et pas seulement envers elles ». C’est le constat tiré du rapport d’une association qui a collecté les actes hostiles aux minorités en ces temps de coronavirus.

Ce sont deux clients indonésiens qui se sont fait jeter d’un salon de robes de mariée qui se tenait dans le centre de Varsovie ; C’est un étudiant japonais placé de force en quarantaine par le directeur d’une résidence à Gdańsk ; Des étudiants vietnamiens qu’un chauffeur Uber n’a pas voulu prendre à Varsovie.

La liste des discriminations dont sont victimes ainsi des Asiatiques (ou des personnes apparentées comme telles) en Pologne se poursuit, collectées par l’association Never Again, dans un « livre noir de l’épidémie ».

Parfois, aux discriminations s’ajoutent les injures, les menaces et même la violence.

Un Polonais d’origine chinoise a été passé à tabac jusqu’à perdre connaissance à Wrocław ; À Poznań, une boutique tenue par des Philippins a eu ses vitres cassées ; À Łuków, trois gamins de 10 à 14 ans ont agressé une Vietnamienne qui vivait en Pologne depuis 20 ans, l’insultant, la bousculant et lui jetant des ordures à la figure.

Là encore, la liste des brimades n’est pas complète. Et c’est sans parler des discours de haine qui inondent l’internet.

« Pour la première fois de notre histoire, nous avons affaire à une véritable vague de haine à l’encontre des personnes d’origine asiatique », constate le professeur Rafał Pankowski de l’association Never Again. Mais, précise-t-il, l’hostilité cela déborde aussi sur d’autres groupes minoritaires : les juifs, les ukrainiens, les musulmans, les réfugiés et les LGBT.

La télé publique, instrument de propagande aux mains du gouvernement PiS, n’y est pas pour rien.

Gazeta Wyborcza rappelle qu’au mois d’avril, le journal télévisé de la TVP, « Wiadomości », a laissé entendre que les réfugiés sont responsables de la propagation du coronavirus, en s’appuyant sur des informations en provenance de camps de réfugiés en Grèce. Le correspondant à Berlin de la TVP, Cezary Gmyz, a quant à lui partagé sur Twitter une publication du parti d’extrême droite AfD qui accusait des fidèles d’une mosquée de propager délibérément le virus.

Des prêtres ont aussi affirmé que la pandémie est une sanction divine contre le péché d’homosexualité.

La pandémie provoque une crise de confiance, de confusion, d’anxiété, favorable à la xénophobie et aux théories du complot, note le professeur Pankowski. Ainsi, l’épidémie devient un détonateur des préjugés et des stéréotypes préexistants. Bien sûr, la Pologne n’est pas le seul pays touché par ce phénomène.

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