En Pologne, l’Éducation nationale pourrait se mettre en grève de façon massive le 8 avril. Le dialogue avec le gouvernement PiS semble plus difficile que jamais.
Dans une conférence de presse vendredi matin, la ministre Anna Zalewska a exhorté ses « amis et collègues » de l’Éducation nationale à « être aux côtés de leurs élèves pour qu’ils passent leurs examens ». Au cours des trois dernières années, le ministère de l’Éducation nationale a mis en œuvre la plupart des demandes syndicales des enseignants et les dépenses budgétaires consacrées à l’éducation ont augmentées, a justifié la ministre.
Deux heures plus tard, le son de cloche était tout à fait différent lors de la conférence de presse organisée par Sławomir Broniarz, le président du syndicat enseignant ZNP. « Nous avons toujours été du côté des élèves et nous continueront à l’être », a-t-il déclaré en guise de réponse. « C’est grâce à nous, aux enseignants et à l’énorme soutien des gouvernements locaux, que ce chaos causé par Anna Zalewska n’a pas entraîné la destruction totale du système éducatif », a-t-il condamné.
1 000 złotys d’augmentation
Alors qu’une grève massive pourrait compromettre le passage des examens dans les collèges et les lycées – dont certains débutent dès le 10 avril – le dialogue entre le ministère de l’Éducation et les enseignants semble impossible. Il ressort de consultations effectuées dans les établissements scolaires que plus d’un demi-million de personnes du personnel enseignant pourraient participer à la grande grève qui est censée débuter le 8 avril, en l’absence de réaction convaincante du gouvernement.
Le syndicat ZNP considère qu’aucune des revendications déposées par les enseignants il y a trois semaines, le 4 mars, n’a été satisfaite et que « la balle est du côté du gouvernement ». Ils demandent notamment une hausse du budget total alloué à l’enseignement et de leurs salaires. Les enseignants gagnent à peine plus que le salaire minimum fixé à 2 000 złotys (465 euros) et nettement en-dessous du salaire moyen dans le secteur privé qui se situe autour de 4 000 złotys brut. Les syndicats enseignants – ZNP et FZZ – réclament une revalorisation salariale d’au moins 1 000 złotys mensuels.
« La mobilisation est énorme, quelle que soit la région »
Le soutien des enseignants à la grève semble très massif : « Chaque jour, nous recevons 20-30 appels et messages nous demandant comment nous rejoindre. Les enseignants nous disent qu’ils ne veulent pas que leur école soit la seule à ne pas faire grève », témoigne à OKO.Press Magdalena Kaszulanis, porte-parole du Syndicat des enseignants polonais. La « Gazeta Wyborcza » se plaît de son côté à noter que même l’école dans laquelle à sévit la ministre Zalewska fronde contre son gouvernement. « La mobilisation est énorme, quelle que soit la région », assure Kaszulanis, qui ajoute : « les meilleurs enseignants partent parce que leurs salaires sont extrêmement bas. Nous parlons d’une seule voix aujourd’hui pour dire que l’éducation nécessite une injection d’argent ».
Pologne : le gouvernement cherche à contourner la grève des enseignants