Le site internet « Vyfot’ imigranta » encourage les internautes en Tchéquie à photographier et mettre en ligne les photos de supposés immigrés illégaux. Après avoir suscité une vive controverse, le site a récemment disparu de la Toile. L’incident est un signe des tensions xénophobes qui travaillent le pays.
Le site interpelle d’emblée l’internaute : « Avez-vous vu dans votre coin des individus ou des groupes qui n’ont décidément pas l’air de touristes venant d’Afrique ou de pays qui se distinguent par le sable et le soleil ? Vous ne savez pas à qui adresser vos craintes ? Ici, vous pouvez envoyer informations et photographies sur de possibles immigrants illégaux. » On peut également lire : “qu’ils ne tirent pas et ne se font pas exploser pour le moment […] chacun d’entre eux pourrait cependant être porteur d’une de ces nombreuses maladies infectieuses.”

Le site fonctionne depuis février sans avoir attiré l’attention du public, mais la multiplication d’attaques verbales et physiques envers des gens d’origine étrangère – surtout envers des femmes portant le voile – a changé la donne. Le 7 juillet, un visiteur de l’Aquaparc de Čestlice, dans la région de Prague, postait la photo de deux femmes en burkini sur la page facebook de l´aquaparc. Dans un message truffé de fautes d’orthographes, il dénonçait ces “monstres” en “habits de terroristes”. L’incident a déclenché une vague de messages haineux à l’encontre du parc, qui a quant à lui défendu le droit de ses visiteurs de porter le burkini.
Le 19 juillet, dans un autre Aquaparc de Prague, une visiteuse, après avoir pris en photo et insulté deux femmes portant le voile, alla jusqu’à frapper l’une d’elles à coups de poings et de pieds. La police n’a pas retenu la dimension raciste de l’agression, s’attirant les critiques de l’organisation In Iustitia, qui aide les victimes de ce type de délits.
Autant de fait divers qui ont décuplé la popularité du site “Vyfoť imigranta”. Plusieurs juristes ont pointé du doigt le caractère illégal du site, mais les autorités tchèques se sont déclarées incompétentes tant qu’aucune des personnes visées ne portait plainte.
Certains ont profité de la polémique pour dénoncer l’hypocrisie des politiciens tchèques surfant volontiers sur la xénophobie à l’approche des élections. Des internautes se sont empressés d’ajouter aux photos de ces immigrants « porteur de maladies » celle de Tomio Okamura, un politicien d’extrême-droite dont les traits trahissent ses origines japonaises. Son parti Liberté et Démocratie Directe (Svoboda a přímá demokracie, SPD) fait de la lutte contre l’immigration illégale son cheval de bataille. D’autres plaisantins ont créé une URL très similaire qui renvoie directement vers la galerie Google de photos de l’oligarque-populiste Andrej Babiš…originaire de Slovaquie.