Les Tchèques ont massivement élu pour président Petr Pavel, un militaire de haut-rang à la retraite et novice en politique.
Il n’y a pas eu de miracle pour Andrej Babiš seul contre tous. Au terme du second tour des élections présidentielles en Tchéquie, ce samedi, Petr Pavel remporte une victoire qui ne souffre pas l’ambiguïté : avec une participation très forte de 70 % des 8 millions d’électeurs, il glane 58,2 % des suffrages contre 41,8 % pour Andrej Babiš.
L’ampleur de la victoire de l’ex-militaire s’explique avant tout par la forte mobilisation de ses partisans dans les régions urbaines. A Prague, M. Pavel a obtenu les votes de plus de trois-quarts des électeurs, avec un taux de participation de 73 %. Dans la second ville du pays, Brno, il a obtenu 68 %.
Au premier tour, deux semaines plus tôt, Pavel et Babiš étaient sortis au coude-à-coude avec 35 % des voix chacun. 4 candidats défaits s’étaient reportés sur Petr Pavel mais aucun sur Andrej Babiš.
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« Je sais que beaucoup sont déçus parce que leur candidat n’a pas gagné. Mais je ne vois pas d’électorat gagnant ou perdant dans ce pays. Des valeurs comme la vérité, la dignité, le respect et l’humilité ont gagné. Ces valeurs sont partagées par la plupart d’entre nous », a réagi Petr Pavel.
« Je suis convaincu que nous devons souhaiter une République tchèque qui ne soit pas caractérisée par la mauvaise humeur, comme l’a décrit Václav Havel, mais que nous méritons une République tchèque qui sera une république du bien-être. Je pense que nous avons ce qu’il faut et que nous pouvons le faire », a poursuivi le vainqueur.
Andrej Babiš a logiquement accepté sa défaite et rassuré ses partisans sur la suite de son engagement : « Je voudrais demander à tous nos partisans d’accepter que le fait que j’ai perdu et d’accepter que nous avons un nouveau président », a déclaré Andrej Babiš. « Je rejette l’idée que nous ayons mené une campagne négative », a-t-il ajouté. « J’ai construit un mouvement, il a du succès. Et ça va continuer. […] Je continuerai à être là pour les gens », a-t-il déclaré.
Le premier ministre Fiala soulagé
La large victoire de M. Pavel a ravi le chef du gouvernement, le conservateur libéral Petr Fiala. « Le candidat des citoyens a gagné et les valeurs qu’il représentait ont gagné, ce qui est une nouvelle extrêmement importante en ces temps de difficultés économiques internationales. […] Je me réjouis à l’idée de travailler avec le nouveau président de la République », a commenté M. Fiala.
Cette lourde défaite ne doit pas occulter le fait que le parti ANO d’Andrej Babiš reste la principale force politique du pays, avec un tiers de l’électorat solidement arrimé. Petr Fiala ne s’y est pas trompé :
« C’est la troisième défaite importante d’Andrej Babiš d’affilée, et il semble que nous assistions au début de la fin de son ère politique dans notre pays. Mais ne nous y trompons pas, elle pourrait encore être longue et désagréable. Nous avons eu l’une des pires campagnes, l’une des plus dégoûtantes campagnes électorales de notre histoire moderne. Le populisme s’est directement lié à l’extrémisme, et c’est extrêmement dangereux. Nous avons assisté à des discours alarmistes, à la remise en question de nos engagements internationaux. Nous avons vu des efforts pour enflammer les passions, pour exploiter les peurs », a déclaré le premier ministre à l’annonce des résultats.
La président slovaque Zuzana Čaputová s’est également réjoui de ce résultat, déclarant qu’« avec vous a aussi vaincu l’espoir que la dignité et la vérité peuvent être une force ».