Sur la BBC, Péter Szijjártó en avocat embarrassé de la Hongrie

Référendum sur les quotas de réfugiés, violences policières et Brexit étaient au menu de l’interview de Péter Szijjártó, ministre hongrois des affaires étrangères, invité jeudi dernier de l’émission HARDTalk, présenté par Stephen Sackur sur la BBC.

Londres (correspondance) – Multipliant les rires nerveux et autres signes d’inconfort, Péter Szijjártó est apparu sur la défensive tout au long de l’interview menée avec poigne par l’animateur britannique Stephen Sackur. Le ministre hongrois a ainsi préféré s’en tenir à la stricte langue de bois gouvernementale concernant les accusations de violences policières à l’encontre des réfugiés, révélées par l’ONG Human Rights Watch. Et a accusé systématiquement de menteurs toutes les personnes se permettant de remettre en cause la version officielle définie par le gouvernement.

Concernant le référendum du 8 octobre, Péter Szijjártó a défendu bec et ongle son interprétation toute particulière des résultats, tant pis si celle-ci faisait l’impasse sur l’invalidation du scrutin, pourtant indiscutable. Alors que Stephen Sackur évoquait à ce propos un «échec humiliant» pour Viktor Orbán, au regard notamment des moyens employés par le gouvernement en faveur du «non», Péter Szijjártó, visiblement gêné, a préféré les balayer d’un revers de la main, en les mettant sur le compte d’allégations «ridicules».

Péter Szijjártó a également botté en touche sur la question du programme d’obligations résidentielles, le marché hongrois des visas Schengen qui permet aux étrangers – souvent des Chinois, Russes, Arabes fortunés, capables de débourser 300 000 € – d’obtenir un droit de séjour en Europe sans y vivre. Accusé par Stephen Sackur de ne vouloir tirer de l’Union européenne que ses avantages, sans assumer en retour les mécanismes de solidarité comme le système des quotas de réfugiés, le ministre hongrois a estimé que la Hongrie avait contribué à sa manière à la défense des pays européens, à l’aide de barrières et de barbelés. Il n’a en revanche pas su quoi répondre aux critiques de l’animateur de la BBC, dénonçant le «challenge culturel» à deux vitesses brandi par Viktor Orbán pour justifier le refus d’accueillir des réfugiés musulmans, alors que de riches Iraniens avaient pu obtenir un visa Schengen grâce à l’administration hongroise.

Au sujet du Brexit, Péter Szijjártó a cherché à (ré)affirmer les liens qui unissaient la Hongrie et le Royaume-Uni, tout en «regrettant mais respectant» la décision du peuple britannique. Tandis que François Hollande et Angela Merkel laissent entendre qu’aucun cadeau ne sera fait au Royaume-Uni lors des négociations de sa sortie de l’Union Européenne, le ministre hongrois a rappelé que son pays comptait bien se positionner comme un allié de Londres. Pour Budapest, l’enjeu est surtout de sauver les meubles en obtenant des garanties sur l’avenir des Hongrois résidant en Grande-Bretagne, mais aussi des entreprises britanniques en Hongrie, lesquelles emploient plus de 48 000 personnes.

Alliée de Londres dans le post-Brexit, engagée dans une longue controverse avec la Commission européenne sur le sens de la solidarité entre États membres, «la place de la Hongrie est au sein de l’Union Européenne» a conclu Péter SzijjártóQue ceux qui en doutaient se le tiennent pour dit.

Isma Hassaine Poirier

Journaliste

Membre de la rédaction de Hulala. Correspondante basée à Londres. Diplômée en science politique et en journalisme. Spécialisée en actualité politique et sujets de société.

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