Lundi, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, était en visite à Minsk pour y rencontrer son homologue, Siarheï Aleïnik, dans l’objectif de se démarquer de la position occidentale par rapport à la guerre en Ukraine.
La Hongrie poursuit son cavalier seul diplomatique, ou, c’est selon, son grand écart entre, d’un côté, l’alliance transatlantique et l’Union européenne et, de l’autre côté, ses ambitions à être un pivot indépendant entre l’Est et l’Ouest et sa relation spéciale avec Moscou. Lundi, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, était en visite à Minsk pour y rencontrer son homologue, Siarheï Aleïnik, dans l’objectif de se démarquer de la position occidentale par rapport à la guerre en Ukraine.
« Sans canaux de communication, il n’y a pas de négociations, et sans négociation, il n’y pas de paix » ; « La Hongrie attend de tous les membres de la communauté internationale qu’ils agissent en faveur de la paix le plus rapidement possible et qu’ils évitent les actions qui risquent de prolonger ou d’intensifier la guerre », a-t-il affiché sur sa page facebook, avant de réaffirmer ces messages lors d’une conférence de presse à Minsk. « Le plus importante maintenant n’est rien d’autre que de sauver des vies humaines (…) Et les vies des gens ne peuvent être sauvées que si cette guerre prend fin », a aussi déclaré le ministre hongrois.
La position diplomatique hongroise n’a pas varié : la Hongrie veut un cessez-le-feu immédiat entre les belligérants ukrainiens et russes, quitte à entériner les gains territoriaux russes, contrairement aux autres pays européens qui considèrent que la paix doit passer par une victoire militaire de l’Ukraine. Budapest a critiqué mais voté les sanctions européennes contre Moscou (obtenant des dérogations au boycott du pétrole russe), mais refuse la livraison d’armes à Kyïv.
Le Fidesz distille des messages pour le moins ambigus, quand ils ne sont pas directement pro-russes. Dimanche soir, lors de l’émission politique phare de Hír TV Press Klub, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire Demokrata, András Bencsik, s’est lancée dans une diatribe en faveur de la Russie : « Oui, je soutiens les Russes », et qualifié le président ukrainien Volodymyr Zelensky d’« imposteur » et les États-Unis d’être responsables de la guerre, car « les États-Unis ont attiré l’Ukraine et les Russes dans cette histoire infernale et infernale ».
Un pion de Moscou ?
Avec cette visite au Bélarus, d’où l’invasion russe de l’Ukraine a été lancée à grande échelle le 24 février 2022, le gouvernement hongrois va une nouvelle fois prêter le flanc à la critique. Pour Kyïv et d’autres pays de l’UE et de l’OTAN, les appels incessants de Budapest à la paix sont téléguidés et au profit de Moscou.
« A mes collègues politiciens occidentaux et aux médias libéraux internationaux qui vont dire à quel point c’est mal de venir ici aujourd’hui pour négocier avec mon collègue bélarussien, je veux dire que la position hongroise a toujours été claire : les voies de communication doivent rester ouvertes », a anticipé Péter Szijjártó.
Viktor Orbán a opéré un rapprochement avec le Bélarus il y a trois ans, se rendant à Minsk pour la première fois en juin 2020. Aux côtés d’Alexandre Loukachenko, il y avait critiqué les sanctions européennes qui frappent le Bélarus et s’était démarqué d’un Occident présenté comme donneur de leçons.
Cette visite diplomatique du chef de la diplomatie hongroise se déroule alors même que la machine répressive continue de tourner à plein régime au Bélarus. Nul doute qu’elle va profondément irriter en Pologne, dont les autorités déplorent la lourde condamnation du journaliste polono-bélarussien Andrzej Poczobut la semaine dernière par un tribunal de Grodno.