Non, il n’y a pas eu de Cologne bis en Hongrie

Le scandale des Afghans harceleurs de joueuses de handball qui fait les choux gras de la presse et des politiciens de droite depuis le début du mois s’est révélé avoir été monté de toutes pièces.

Photo : Kormány.hu
Photo : Kormány.hu

L’hystérie anti-migrants ne faiblit pas et l’ouverture d’un centre d’accueil temporaire pour 300 personnes à Körmend, une ville de onze mille habitants située tout proche de la frontière autrichienne, a suscité une levée de bouclier d’une partie de la population locale. Même la presse nationale s’est jointe à la presse locale pour mettre en garde la population, les femmes avant tout, contre des migrants dépeints comme des violeurs en puissance.

Quelques jours seulement après l’arrivée des premiers migrants dans le centre, un article paru le 5 mai dans le magazine pentecôtiste Hetek racontait comment un groupe de jeunes Afghans avait harcelé et agressé des jeunes femmes s’entraînant au handball dans un gymnase voisin du centre. L’histoire s’est répandue comme une traînée de poudre.

Le Jobbik réclamait une action immédiate de la police pour punir les coupables de cette « attaque ».

Le site du gouvernement indiquait que « Parce que des migrants ont harcelé des filles jouant au handball, le Premier ministre Viktor Orbán a chargé le ministre de l’Intérieur Sándor Pintér de prendre les mesures nécessaires ».

« Nous ne voulons pas d’un autre Cologne ici ! », clamait la page facebook du Fidesz.

Problème : dans l’heure qui a suivi les instructions de Viktor Orbán, le chef de la police du département de Vas, János Tiborcz, démentait l’affaire lors d’une conférence de presse. Plus tard dans la journée, le chef de la police locale convoquait une conférence de presse pour annoncer que le rapport était une fabrication totale.

Jeudi dernier, le chef Cabinet du premier ministre, János Lázár, a présenté ses excuses aux migrants. L’affaire est close, mais l’opinion publique est maintenue sous tension en vue du referendum contre l’accueil de réfugiés prévu cet automne.

Mais au fait…

…pourquoi avoir ouvert un centre d’accueil des réfugiés précisément à Körmend ? Le journal Die Welt a tenté une explication : situé à seulement trois ou quatre kilomètres de la frontière autrichienne, il permettrait aux Hongrois de se débarrasser plus vite des migrants arrêtés à la frontière serbe en les y acheminant en bus et en les laissant poursuivre ensuite vers l’Ouest. « La Hongrie veut discrètement se débarrasser de ces gens », écrit le grand quotidien allemand.

Le journal de centre-gauche Népszabadság estime qu’environ dix mille des douze mille personnes enregistrées à la frontière hungaro-serbe depuis le début de l’année, malgré la clôture, se sont évaporées dans la nature.

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