Une enfant de 4 ans a disparu de nuit à la frontière polono-biélorusse après que ses parents ont été refoulés en Biélorussie par les gardes-frontières polonais, affirment des bénévoles qui tentent de mobiliser les services de l’État pour la rechercher, alors que les températures sont glaciales et que le corps d’une nouvelle victime a été découvert.
Les médias qui avaient déboulé du monde entier en Pologne orientale à la mi-novembre ont déserté, mais des drames continuent de survenir à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, que des migrants originaires du Moyen-Orient tentent toujours de franchir.
Selon les médias polonais Gazeta Wyborcza et OKO.Press, des militants du Grupa Granica, le Groupe frontalier de bénévoles qui apportent de l’aide humanitaire aux migrants qui réussissent à arriver jusqu’à eux, ont reçu dans la nuit un appel à l’aide des plus inquiétants. Des parents désespérés, réfugiés d’Irak, ont perdu leur fille âgée de 4 ans, Eileen, dans la zone frontalière. Les parents ont été arrêtés par les gardes-frontières polonais et « refoulés » vers le Bélarus, jusqu’à la ligne de démarcation entre les deux pays.
Au moment de leur arrestation, la jeune fille se trouvait avec une tierce personne du même petit groupe de migrants qui tentait sa chance dans l’espace frontalier et qui a réussi à échapper aux gardes-frontières polonais.
Depuis, ses parents et les bénévoles polonais sont sans nouvelles de l’enfant qui a été vue pour la dernière fois dans la nuit de lundi à mardi (7 décembre), près de Nowy Dwór.
« Si la situation concernait un enfant polonais, tous les services de recherche seraient impliqués. Aucun service ne recherche Eileen ».
Mardi soir, le Grupa Granica a exhorté les services polonais à entreprendre immédiatement des recherches pour retrouver Eileen, alors que les températures sont glaciales en Podlachie. Ce mercredi, les températures seront comprises entre -5°C et -10°C et resteront négatives toute la semaine, avec de possibles chutes de neige.
Dans les coulisses d’un refoulement à la frontière polono-bélarusse
Reportage avec les bénévoles à la frontière qui tue, entre la Biélorussie et la Pologne
Le Grupa Granica va plus loin en affirmant vouloir traduire en justice ceux qui ont procédé à l’expulsion. « Si la situation concernait un enfant polonais, tous les services de recherche seraient impliqués. Aucun service ne recherche Eileen ».
Des volontaires qui résident dans la zone d’exclusion qui court le long de la frontière (tenant éloignés journalistes et bénévoles humanitaires), venus de Sokółka et de Białystok, mènent leurs propres recherches mais sans succès jusque-là.
« Nous pouvons mobiliser 100 volontaires en une heure pour fouiller la forêt et chercher l’enfant. Nous avons juste besoin de l’autorisation de pénétrer dans la zone », écrivent les volontaires.
Les gardes-frontières de Podlachie, qui admettent avoir mené une opération au moment et à l’endroit de sa disparition, affirment avoir mené des recherches infructueuses dans la zone pour retrouver l’enfant. « Toute la zone a été fouillée le matin puis toute la journée, un drone a été en l’air pendant plusieurs heures, mais nous n’avons trouvé personne à proximité ».
Le porte-parole des services de sécurité polonais, Stanisław Żaryn, a estimé que les allégations concernant Eileen sont « une autre histoire fausse qui provoque une hystérie médiatique sans aucune vérification ».
Un autre corps découvert
Mercredi matin, la police de Podlachie a fait état d’une nouvelle tragédie, avec la découverte d’un corps dans la commune de Narewka, située à quelques kilomètres de la frontière. À côté du corps se trouvaient un sac à dos et un passeport nigérian.
Une habitante de la zone frontalière, dont les propos publiés sur facebook ont été relayés par Gazeta Wyborcza, a écrit : « Aujourd’hui, un autre réfugié a été trouvé le long d’une des routes. Il était mort. C’est un crime ! Pourquoi l’UE ne réagit-elle pas à ce qui se passe en Pologne ? »