Dans un courrier envoyé à Viktor Orbán ce matin, le chef de l’Etat français a félicité « chaleureusement » le nouveau Premier ministre hongrois, pour sa large victoire dans les urnes.
Il partage à cette occasion l’analyse du Fidesz, selon laquelle ce résultat majoritaire est historique et relève d’une « révolution » électorale. Bien qu’un grand écart quant aux intérêts franco-hongrois existe entre les deux hommes, notamment à Pécs par exemple, ils pourraient bien s’entendre sur leur styles respectifs.
Dans un langage diplomatique qui ne lui ressemble pas, il a souligné que le résultat du Fidesz fait appel à « une responsabilité particulière, au moment où, plus de six ans après son entrée dans l’Union européenne, la Hongrie va assumer la présidence du Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2011 ». On voit de quoi il parle, lui qui s’est si bien mis en avant lors de sa Présidence française de l’UE.
Grâce au quinquennat présidentiel en France mis en place à partir de 2002, ses deux victoires consécutives aux élections présidentielles et législatives avec l’UMP lui ont donné, en l’espace de moins de deux mois, les pleins pouvoirs à la française depuis 2007. En cela, Nicolas Sarkozy, lui même d’origine hongroise, devrait trouver en Viktor Orbán un homologue (en terme de chef d’Etat) taillé sur mesure pour lui et la Hongrie, tant dans la gestion du pouvoir, que dans le conservatisme et dans le style. Rappelons que ce dernier avait d’ailleurs pris les devants dans ses accointances de chefs d’Etat avant l’heure (fin mai dernier), en rendant une visite amicale mais néanmoins « cavalière » à Silvio Berlusconi juste après s’être plaint à Merkel de la corruption politique dans son pays.
Dernière petite similitude de « style » enfin, avec son lointain concitoyen Sarkozy, Viktor Orbán vient de prendre les rênes de ce qu’on appelle politiquement l’Orbánie depuis que Gábor Vona a lâché l’expression. Ça rappelle les débuts de Nicolas, à l’exception près qu’il serait très surprenant qu’Orbán donne dans « l’ouverture à gauche » pour se faire apprécier du peuple, lui dont les services de Premier ministre sont déjà bien connus en Hongrie.
Le premier patine dans la choucroute, pour tenter de maintenir la France parmi les pays les plus riches.
Le second risque de patiner dans la choucroute, pour tenter de sortir la Hongrie de son goufre économique et financier.
Il y a peu de chance pour que les deux meneurs se retrouvent dans la même démarche. Le premier doit maintenir tout ce qui a mené la France au sommet. Le second doit quitter tout ce qui a enfoncé la Hongrie.
…Et dans le monde Libéral, quand l’un jubile, l’autre trinque. L’avenir de l’Europe pacifique devient de plus en plus passionante…