Le gouvernement de Viktor Orbán s’apprête à lancer un plan très ambitieux d’allocations familiales destiné à mettre un coup d’arrêt à la diminution de la population hongroise. Voici les dix questions de la nouvelle grande « consultation nationale » qui débute cette semaine.
La secrétaire d’État à la famille, Katalin Novák, a donné lundi le coup d’envoi d’une grande consultation nationale, qui vient en point d’orgue de cette année 2018 décrétée « année de la famille ». « L’Europe est le continent des berceaux vides », a-t-elle déclaré, ajoutant que la consultation était l’occasion d’asséner à l’Union européenne que « le renouveau de l’Europe passe par le soutien aux familles » et que « la Hongrie ne veut pas d’immigration ».
Les foyers hongrois vont donc recevoir par la poste dans les prochains jours un questionnaire en dix points, la huitième consultation de ce type en autant d’années au pouvoir pour Viktor Orbán, qui se définit parfois en « plébéien ». Il comporte dix questions fermées auxquelles les citoyens doivent répondre par « oui » ou par « non » d’ici au 21 décembre, et il est également possible de remplir les questionnaires en ligne.
Cette nouvelle grande consultation nationale doit préparer le terrain et les esprits à l’introduction d’une politique nataliste qui sera la pierre angulaire de ce troisième mandat du Fidesz. Le journal pro-gouvernemental Magyar Idők, le premier qui a pu révéler la teneur du questionnaire, affirme que le gouvernement allouera la somme de 2 000 milliards de Forints à sa politique familiale l’année prochaine, soit deux fois plus qu’en 2010 quand le Fidesz est arrivé au pouvoir.
Les dix questions que comporte le questionnaire sont révélatrices de la direction que veut donner le Fidesz à sa très ambitieuse politique familiale. Elle se pose comme une réponse à l’immigration ; Elle sera conservatrice en réaffirmant la définition de la famille traditionnelle ; Elle exclura les personnes en situation d’emploi précaire.
- Pensez-vous que la solution à la diminution de la population passe par un soutien plus fort aux familles et non par l’immigration ?
- Pensez-vous que le nouveau programme d’allocation familiale devrait être conditionné à l’emploi ?
- Pensez-vous que les jeunes couples devraient être aidés pour mener une existence indépendante ?
- Pensez-vous que les familles avec plus d’enfants devraient recevoir plus d’aide ?
- Pensez-vous que les mères d’au moins trois enfants devraient bénéficier d’une aide accrue ?
- Soutenez-vous la création par l’État d’un véritable statut pour les mères à temps plein ?
- Êtes-vous d’accord pour que les membres d’une famille qui prennent soin de leurs enfants malades devraient bénéficier d’une aide accrue ?
- Êtes-vous d’accord pour dire que l’État hongrois doit assurer le développement intellectuel, psychologique et physique de nos enfants ?
- Êtes-vous d’accord avec l’affirmation selon laquelle les enfants ont le droit d’avoir une mère et un père ?
- Êtes-vous d’accord pour que le programme d’allocation familiale soit protégé par la majorité législative des deux tiers [du parlement, ndlr] ?
Le déclin de la population va se poursuivre
Le déclin de la population hongroise, entamé dès le début des années 1980 en raison d’un faible taux de fécondité et qui s’est accéléré dans les années 2010 avec une forte émigration vers l’Ouest du continent, obsède le gouvernement. « Tant que l’on célèbrera plus d’enterrements que de naissances en Hongrie, la nation ne sera pas en sécurité », avait par le passé déclaré Viktor Orbán, toujours très prolixe sur cette thématique.
Le taux de fécondité (le nombre de naissances moyen par femme en âge de procréer) a augmenté sensiblement depuis le début des années 2010 où il avait connu un creux. Mais la cohorte de femmes en âge de procréer étant peu nombreuse, le taux de natalité (le nombre de naissances divisé par la population totale) reste faible et la population hongroise est condamnée à continuer de décroître au cours des prochaines décennies.