Un nouveau parti d’extrême-droite issu d’une scission du Jobbik veut faire son trou en ciblant les Roms. Le rétablissement de la peine de mort en Hongrie, le retrait de l’Union européenne et… la défense de la « civilisation septentrionale » (!) sont aussi au programme.
Le mouvement « Notre patrie » (en hongrois « Mi Hazánk ») a lancé sa campagne pour les élections européennes lors d’une conférence de presse jeudi à Budapest. Issu d’une scission l’été dernier avec le Jobbik, le parti cherche à revenir aux fondamentaux de l’extrême-droite tout en se démarquant d’un Fidesz qui s’est fortement radicalisé depuis 2010.
Pour ce faire, pas le choix, il faut pousser des propositions pas « politiquement correctes », selon les mots de sa vice-présidente Dóra Dúró. « Nous sommes le seul parti aujourd’hui à parler de « criminalité tsigane » », a-t-elle évoqué en guise d’exemple. Une référence assumée à une époque – la fin des années 2000 – lors de laquelle le Jobbik chapeautait des groupes de miliciens en uniformes pour, selon leurs mots, sécuriser la campagne hongroise mais surtout intimider les populations roms.
Parmi les anciennes propositions du Jobbik, le parti reprend également l’idée d’un rétablissement de la peine de mort, la criminalisation de la corruption ou encore la sortie de la Hongrie de l’Union européenne.
Aux yeux de László Toroczkai, un « Hunxit » serait ainsi le préalable à la reconstruction de la « civilisation septentrionale », comme il l’avait développé lors d’un meeting le 26 janvier dernier. Pour le président du parti d’extrême-droite, deux groupes menaceraient le continent à l’heure actuelle : « d’une part le régime banquier dont le représentant est Emmanuel Macron et dont l’intérêt est que l’Europe se transforme en foule métissée de consommateurs aveugles ; et d’autre part l’islam, (…) qui connait une expansion agressive ».
Alliance avec le MIÉP
Le mouvement « Notre patrie » a annoncé cet après-midi sur sa page Facebook « avoir noué un accord de fonctionnement avec le MIÉP », le Parti hongrois de la justice et de la vie, fondé en 1993 par István Csurka, surnommé le « Jean-Marie Le Pen hongrois » et sinistrement connu pour ses sorties antisémites.
Avec quatre députés tous issus des rangs du Jobbik – Dóra Dúró, János Volner, István Apáti et Erik Fülöp – il est toutefois difficile d’imaginer que le renfort du MIÉP suffise pour que « Notre patrie » puisse jouer un rôle majeur sur la scène politique hongroise. Plusieurs mois après sa création, il reste encore quasi absent des sondages d’intentions de vote.