Nucléaire : La France et la Hongrie main dans la main

Le chef de la diplomatie hongroise était mardi à Paris pour parler d’énergie nucléaire avec son homologue française. Paris et Budapest forment une alliance solide pour défendre l’énergie nucléaire en Europe.

La visite en France lundi du ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a été fructueuse. Après une rencontre avec les représentants de l’entreprise Framatome, puis avec son homologue Catherine Colonna, tous les voyants sont au vert pour la participation française à l’extension de la centrale nucléaire de Paks.

Après s’être fait damer le pion par le russe Rosatom qui a été choisi – sans appel d’offres – en 2014 par Budapest pour agrandir la centrale nucléaire de Paks avec deux réacteurs supplémentaires, le français Framatome a pu avoir sa part du gâteau. Dans le cadre d’un consortium franco-allemand, Framatome doit fournir, avec Siemens Energy, le système de contrôle des nouveaux réacteurs.

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A l’issue de ces rencontres, Péter Szijjártó s’est félicité du « pragmatisme » et de la « rationalité » des Français en la matière. Il n’en a pas dit autant des Allemands, qui procrastinent.

Le chef de la diplomatie hongroise les a accusés de « mettre en danger notre sécurité d’approvisionnement énergétique à long terme ». En effet, selon lui, des ministres du gouvernement socialiste-vert en Allemagne, hostiles au nucléaire, bloquent la participation de Siemens-Energy à Paks II. « Les Allemands remettent désormais en cause ce droit qui est le nôtre [de créer notre propre mix énergétique – Ndlr.], et avec cette décision, avec ce blocage, ils mettent en danger notre sécurité d’approvisionnement énergétique à long terme, ce qui est inacceptable », a-t-il tancé.

Lors d’une assemblée des actionnaires le 7 février, le PDG de Siemens Energy, Christian Bruch, a assuré que, le contrat avec Rosatom ayant été signé avant la guerre en Ukraine, la société allemande fournirait le système de contrôle de la centrale. « Fondamentalement, nous nous sentons liés par les contrats existants », a déclaré Bruch, selon des informations du Handelsblatt.

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Un couple franco-hongrois

Il n’est pas exagéré de parler de couple franco-hongrois tant, en matière de nucléaire civil, Paris et Budapest vont main dans la main. Les deux pays ont lutté ensemble pour que l’Union européenne reconnaisse l’énergie nucléaire comme une énergie durable et donc accessibles aux subventions européennes.

La France et la Hongrie, avec le concours de la Finlande et de la République tchèque, ont fait en sorte, jusque-là, que les sanctions européennes contre la Russie n’affectent pas l’industrie du nucléaire civil. Cela alors que le Parlement européen avait exigé, au printemps 2022, un boycott de l’uranium en provenance de Russie, du combustible qui alimente par exemple les 4 réacteurs à Paks.

Corentin Léotard

Rédacteur en chef du Courrier d'Europe centrale

Journaliste, correspondant basé à Budapest pour plusieurs journaux francophones (La Libre Belgique, Ouest France, Mediapart).

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