L’ancien premier ministre macédonien, en cavale depuis maintenant plus d’une semaine, a obtenu le statut de réfugié auprès de Budapest, selon la voix officieuse du gouvernement hongrois Magyar Idők. L’information a été corroborée cet après-midi par Nikola Gruevski via un long post sur sa page Facebook.
Selon une information du site pro-gouvernemental Magyar Idők, l’Office hongrois de l’immigration aurait effectué un examen approfondi de la demande d’asile déposée le 12 novembre dernier par Nikola Gruevski à Budapest. D’après des sources internes, l’organisme considèrerait comme justifiée la motivation de l’ancien premier ministre macédonien, qui estime être en danger de mort dans son pays. L’administration hongroise lui aurait ainsi accordé le statut de réfugié, estimant que les risques de persécution, en raison de son passé politique et de ses opinions seraient avérées, et que les autorités macédoniennes ne lui garantiraient pas la protection nécessaire.
Les révélations de Magyar Idők ont été corroborées cet après-midi par un long post Facebook publié sur la page de Nikola Gruevski. « Aujourd’hui, la République de Hongrie, pays membre de l’Union européenne et de l’OTAN, a répondu favorablement à la demande d’asile politique que j’avais présentée précédemment en raison de la persécution politique en République de Macédoine », peut-on notamment lire.
Reconnu coupable de faits de corruption par la justice macédonienne, Nikola Gruevski avait déjà justifié sa demande en expliquant que l’actuel gouvernement social-démocrate cherchait à le priver de liberté par des mesures antidémocratiques et sans aucune base légale. Le Fidesz de Viktor Orbán, proche allié du VMRO-DPMNE de l’ancien premier macédonien, lui avait emboîté par la voix de Balázs Hidvéghi. « La Hongrie a une pratique juridique intacte d’accorder l’asile aux individus persécutés. La Hongrie a reçu une demande d’asile d’un homme persécuté et menacé par un gouvernement de gauche, derrière lequel l’influence de George Soros est évidente », avait déclaré le 14 novembre au soir le directeur de la communication du parti gouvernemental hongrois.
Beaucoup de flou concernant le rôle joué par Budapest
La cavale du « réfugié VIP de Viktor Orbán » fait les gros titres de la presse hongroise depuis le déclenchement de l’affaire, d’autant que la Hongrie semble avoir déclenché des moyens importants pour convoyer l’ancien premier ministre macédonien jusqu’à Budapest. S’il est avéré que Nikola Gruevski a passé la frontière albano-monténégrine à l’intérieur d’une voiture de l’ambassade hongroise de Tirana, le flou reste entier concernant le reste du trajet.
Selon Magyar Idők, l’ancien premier ministre macédonien aurait traversé la frontière serbo-hongroise le 12 novembre à cinq heures du matin, muni d’un laisser-passer hongrois. Défendant une hypothèse différente, le site d’investigation Átlátszó sous-entend que Nikola Gruevski ne serait arrivé à Budapest que deux jours plus tard et aurait été transporté par avion entre Belgrade et la capitale hongroise. Dans un article de Katalin Erdélyi (disponible en anglais), Átlátszó a ainsi révélé que le jet privé d’István Garancsi, un des principaux oligarques hongrois – dont l’appareil est régulièrement utilisé par Viktor Orbán et ses amis -, avait effectué un bref aller-retour entre les deux villes quelques heures après l’annonce de la confirmation de la demande d’asile par les autorités hongroises.