Moldavie : majorité absolue pour la pro-européenne Maia Sandu

Le Parti Action et Solidarité (PAS) sort très largement vainqueur des élections législatives anticipées, devant le Bloc électoral des communistes et des socialistes (BECS). Avec près de 53% des voix, le parti anti-corruption et pro-européen fondé par la présidente Maia Sandu obtient la majorité absolue des 101 sièges au Parlement lui permettant de gouverner seul, mais pas la majorité constitutionnelle nécessaire pour modifier la Constitution.

Cet article a été publié le 12 juillet sur le site de notre partenaire Le Courrier des Balkans.

C’est une petite révolution sur l’échiquier politique moldave, jusqu’alors dominé par le Parti socialiste (PS). Le jeune Parti Action et Solidarité (PAS), fondé il y a tout juste cinq ans par Maia Sandu, est devenu le premier mouvement de Moldavie, en remportant largement les législatives anticipées de dimanche, avec 52,8% des voix.

Il devance largement le Bloc électoral des communistes et des socialistes (BECS), l’alliance créée pour ces élections entre le Parti socialiste et le Parti communiste, qui récupère 27,2% des voix. La Parti Șor arrive troisième avec 5,8% des suffrages, tout juste assez pour entrer au Parlement. Aucun autre parti ne passe le seuil de 5%. Sans surprise, la diaspora a largement voté en faveur du PAS, et les électeurs de Transnistrie tout aussi largement pour le BECS. Le taux de participation est de 48% des inscrits.

En termes de répartition des sièges au Parlement, le PAS obtient 63 sièges sur 101, le BECS 32, et le Parti Șor 6. Un résultat qui permet au PAS de gouverner seul, mettant fin à l’instabilité politique que connaît le pays depuis la victoire de Maia Sandu à la présidentielle de novembre 2020. Néanmoins, le PAS n’a pas obtenu la majorité constitutionnelle, pour laquelle il fallait 67 sièges. Il ne pourrait faire passer que des lois organiques et non des changements constitutionnels, pourtant nécessaires pour permettre au parti de Maia Sandu de réaliser les réformes institutionnelles, notamment de la justice, qu’elle appelle depuis des années.

Cette élection représente aussi une victoire sans appel du camp « pro-européen » sur le camp « pro-russe ». C’est la première fois qu’un parti « pro-européen » gagne la majorité absolue au Parlement, lui permettant de former un gouvernement seul, sans avoir besoin d’allier. Seul le Parti communiste avait été dans une telle position de force entre 2001 et 2009. Même le Parti démocratique (PDM) de l’oligarque Vlad Plahotniuc, qui s’était opportunément positionné du côté pro-européen et dominait l’échiquier politique moldave entre 2014 et 2018, n’avait pas réussi une telle performance malgré de nombreux médias à sa botte et d’énormes ressources financières. « J’espère que ce jour marquera la fin d’une ère difficile pour la Moldavie, la fin du règne des voleurs », a déclaré Maia Sandu, qui défend un agenda anti-corruption et entend réformer la justice et l’ensemble des institutions moldaves.

« Les gens voulaient du changement et ils l’ont obtenu », a concédé Igor Dodon, le chef des socialistes. « Je tiens à féliciter PAS et Madame la Présidente, Maia Sandu. Ils ont désormais tous les pouvoirs de l’État. (…) C’est une sorte d’État captif, mais d’un point de vue différent. Je tiens à leur envoyer mes sincères félicitations. »

De fait, à partir d’aujourd’hui et pour les quatre prochaines années, Maia Sandu et le PAS vont contrôler la présidence, le gouvernement et le Parlement, et les ministères et institutions vont petit à petit être remplis de leurs partisans. « Avec cette monopolisation du pouvoir, le PAS fera l’objet d’une surveillance particulière de la société civile et des médias », prévient l’analyse politique Dionis Cenuşa dans IPN.

Maiai Sandu et le PAS vont pouvoir commencer cette nouvelle législature avec un coup de pouce de l’UE, qui a accordé en juin 600 millions d’euros d’aide, à dépenser pour les trois prochaines années pour le développement de l’économie, des infrastructures et le renforcement des PME. De l’autre côté, il reste à voir la position de la Russie face au nouveau gouvernement, Moscou gardant un fort levier politique grâce à la Transnistrie, la région indépendantiste qu’il maintient sous son aile depuis 1991.

Source de la photo d’illustration : Page facebook de Maia Sandu

Courrier des Balkans

Le Courrier des Balkans existe depuis 1998, et s’est développé comme un site d’information cherchant à faire connaître, en langue française, les informations et les analyses de la presse démocratique des pays de l’Europe du Sud-Est. Il est aujourd'hui le média francophone de référence dans les Balkans.

×
You have free article(s) remaining. Subscribe for unlimited access.