Le ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement conservateur polonais, Witold Waszczykowski, a mis en doute, dimanche 26 mars, le bien-fondé de la réélection de Donald Tusk à la Présidence du Conseil Européen, le 9 mars. Selon M. Waszczykowski, une irrégularité de nature à remettre en cause cette investiture aurait été commise lors du vote.
D’après le ministre polonais, le vote aurait été sujet à des doubles standards : lorsque Beata Szydło, la Première-ministre polonaise a avancé la contre-candidature de Jacek Saryusz-Wolski, « on n’a pas demandé qui était contre et qui s’abstenait du vote ». Ceci, au regard des expertises dont Waszczykowski se dit détenteur, constituerait une erreur mettant en doute la légalité des élections.
Le ministre Waszczykowski a annoncé qu’il soumettra ses expertises au jugement de la Première-ministre Beata Szydło. Le gouvernement décidera ensuite des démarches à entreprendre le cas échéant. Considérant le poste du Président du Conseil européen comme « peu important », M. Waszczykowski estime toutefois que « de telles démarches pourraient être superflues ».
Le Droit et Justice prend ses distances avec son ministre
Cependant, ces « révélations » du ministre des Affaires étrangères n’ont pas suscité d’enthousiasme parmi les dirigeants du Droit et Justice (PiS) : quelques jours après la réélection de Donald Tusk, le chef du parti au pouvoir, Jarosław Kaczyński, a considéré le choix du Conseil comme « incontestablement légal ». Le président de la Pologne, Andrzej Duda, a manifesté la même opinion en félicitant officiellement M. Tusk après son investiture.
Les propos du chef de la diplomatie polonaise ont été désavoués le jour suivant par son vice-ministre chargé des affaires européennes, Konrad Szymański. Selon ce dernier, il n’existe « aucune raison légale » de mettre en doute l’élection de Donald Tusk. Il a aussi ajouté que la seule erreur commise lors du vote était de nature politique, puisque le Conseil a élu un candidat dépourvu du soutien de son propre pays.
Pareillement, le secrétaire d’État de la Chancellerie du Président, Krzysztof Szczerski, affirme qu’aucun document lié à cette affaire n’a été remis à Andrzej Duda. Le secrétaire considère « la question de l’élection du Président Tusk comme close », et suggère de « ne plus y revenir ».
L’opposition gênée
Des hommes et des femmes politiques de l’opposition se montrent de plus en plus embarrassés par les dérapages continuels du ministre Waszczykowski. Ses propos concernant l’élection de Donald Tusk sont considérés par des opposants du pouvoir comme « scandaleux » (député Cezary Tomczyk, Plate-forme civique), et le chef-même de la diplomatie « n’est pas un bon matériel pour un ministre des Affaires étrangères » (députée Katarzyna Lubnauer, Nowoczesna).
Les députés de la Plate-forme civique Cezary Tomczyk et Tadeusz Zwiefka ont fait part de leur intention d’interpeller la Première-ministre Beata Szydło, afin de savoir si la position de son ministre est conforme à celle de son gouvernement. Dans le cas contraire, l’opposition attend que le ministre soit démissionné, son comportement étant jugé nocif pour la position de la Pologne en Europe.
Photo d’illustration : Witold Waszczykowski le 13 février 2016 (Zwez / MSC, via Wikimedia Commons).