La dirigeante du Rassemblement national était ce lundi à Bratislava en Slovaquie avec le Mouvement pour une Europe des nations et des libertés, pour soutenir son petit allié local, Sme Rodina, en amont des élections européennes.
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Les élections européennes 2019 vues par Le Courrier des Balkans et Le Courrier d’Europe centrale |
Elle était à Prague à la fin du mois d’avril pour donner un coup de pouce à Tomio Okamura qui fait campagne avec sa formation, le SPD, ralliée au mouvement de Matteo Salvini et elle est en Estonie ce mardi. Mais lundi, c’est à Bratislava, capitale de la Slovaquie voisine, que Marine Le Pen s’est rendue pour soutenir son allié local.
Sme Rodina (« Nous sommes une famille »), ne sera pas une pièce maîtresse du dispositif mis en place par le duo Le Pen – Salvini. En effet, le parti créé en 2015 par Boris Kollár, a obtenu 6,6 % des voix lors des élections législatives de 2016, remportant 11 sièges au Parlement slovaque. Sa popularité a quelque peu augmenté depuis et un récent sondage réalisé par l’agence AKO le crédite de 10 % des intentions des vote pour les élections générales de l’année prochaine (15 sièges), mais pour ce qui est des européennes, le parti pourrait ne décrocher qu’un seul siège dans le prochain Parlement européen.
Comme les autres représentants des partis présents, dont le FPÖ autrichien, Boris Kollár a assuré que la sortie de l’Union européenne n’était ni à l’ordre du jour ni dans l’intention de son parti. « Ils voulaient détruire l’Union, ils envisagent aujourd’hui de la réformer », titrait ainsi le journal SME. Chaque fois que son parti tente de protéger les traditions, les frontières et la famille, a déploré Boris Kollár, les « élites » européennes surgissent pour présenter son parti comme un rassemblement d’extrémistes. Mais les extrémistes, ce sont ceux qui se sont partagés le pouvoir à tour de rôle depuis la chute du communisme il y a 30 ans et qui « volent, mentent et trompent la nation », a-t-il lancé.
Pour sa part, Marine Le Pen a affirmé que « l’UE nie aux nations le droit à l’existence et leurs propres opinions. […] Il sera important de voir dans ce prochain Parlement européen le rétablissement de l’équilibre entre les nations et la mondialisation ».
?? ?? « Avec le courageux parti SME Rodina et son président Boris Kollár, nous partageons l’essentiel : la volonté de mettre en place une Europe des Nations et des coopérations, où la liberté, la sécurité et l’identité des peuples seront des priorités ! » #Bratislava #Slovaquie pic.twitter.com/Zea18yd6V4
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) May 13, 2019
La venue de la grande prêtresse du nationalisme européen a provoqué des remous, dans la rue et dans les colonnes des journaux. La petite mouvance antifasciste de Bratislava, très dynamique, a mobilisé plusieurs dizaines de personnes devant le River Park Hotel, où se déroulait la rencontre, pour tenter de la perturber avec de la musique techno et des percussions. Ils ont brandi des symboles « Antifa » comme la croix-gammée barrée et scandé des slogans tels que « La liberté, c’est plus que la nation » et « J’aime l’Europe ».
Le journal Dennik N consacre une colonne d’opinion selon laquelle « Boris Kollár est un politicien dangereux ». Sur le site Aktuality.sk, Zolo Mikeš estime pour sa part que la conversion pro-européenne de Marine Le Pen n’est pas crédible et que celle-ci est l’envoyée du Kremlin pour détruire l’Union européenne. Or, explique l’auteur, « en brisant l’union, nous deviendrions sans aucun doute une proie facile pour la Russie. Si nous voulons empêcher cela, nous ne devons pas croire au changement annoncé des deux politiciens les plus en vue du MENL. Et si Boris Kollar les a crus, alors nous ne devons pas lui donner notre confiance aux élections européennes », conclut-il.
Photo : David Ištok / Aktuality.sk