Samedi après-midi, quelques milliers de personnes ont manifesté à Budapest à quelques pas du parlement, dans Alkotmany utca (la rue de la constitution), contre la modification de la constitution qui devrait être adoptée par le parlement hongrois en ce début de semaine.
« Après la 4è modification de la Loi fondamentale il faut en finir avec l’illusion que l’élite politique actuellement au pouvoir soit engagée à la constitutionnalité et à la démocratie« , a déclaré Dr. Marta Padravi, co-présidente du Comité Helsinki, s’exprimant au nom de trois ONG : le Comité Helsinki, TASZ et Eötvös Károly Intézet.
La constitution est « ridicule, absurde et antilibérale » _ TGM
Le philosophe marxiste et grande figure intellectuelle en Hongrie, Gáspár Miklós Tamás (TGM), a ouvert la manifestation : « On a heurté l’honneur et la dignité d’un pays dont la constitution est ridicule, absurde et antilibérale ! Ce serait un gouvernement national ? Nous pouvons avoir honte parce que le gouvernement présente ce libretto du burlesque comme une constitution et, muni des pleins pouvoirs, le défend héroïquement face au monde et au peuple hongrois ! Ridicule ! Au moins ne nous privez pas du drame ! […] ce pays a besoin d’un nouvel ordre constitutionnel, d’un nouvel ordre social et d’une nouvelle politique, à laquelle tout le monde puisse participer, dans laquelle la démocratie représentative sera placée sous le contrôle de la démocratie participative, dans laquelle le peuple aura le pouvoir, mais cette fois-ci, véritablement ! […] On nous dit : ne te mêle pas des affaires des grands, l’étudiant, rentre et étudie ! Ne te mêle pas, le sans-abri, le chômeur, le retraité, l’homosexuel, le Tzigane, le Juif, le gauchiste ! Qui reste-t-il ? […] Nous ne demandons pas grand-chose, seulement trois choses : liberté, égalité, et fraternité !« .
La possibilité de criminaliser le sans-abrisme inscrite dans la Loi fondamentale
Parmi les amendements proposés, des dispositions visant à chasser les sans-abris des centre urbains déjà jugées anticonstitutionnelles. Pál Mércse, activiste du groupe « A Város Mindenkié » (La ville pour tous) : « Des procédures ont d’ores et déjà été lancées contre des milliers de nos compatriotes, pour avoir commis l’infraction « l’habitat dans les lieux publics comme un mode de vie ». On a infligé des amendes d’un montant de 40 millions de forints contre les sans-abris. La Cour constitutionnelle s’était pourtant prononcée : la persécution des sans-abris par les autorités est anticonstitutionnelle. Nous, nous disons pour la centième, la millième fois : être pauvre n’est pas un délit ! ». […] « Ce pouvoir n’a qu’un seul mérite : il encourage la foule des millions de déshérités à s’unir et à être solidaires« .
« Ailleurs qu’en Hongrie, la constitution est le catalogue des droits fondamentaux. Désormais chez nous, elle sera le catalogue des violations des droits fondamentaux !« , a lancé pour sa part Judit Wirth, de l’association Les Femmes Pour Les Femmes (NANE).
Traduction et interprétation : Benjámin Vargha