Face à la flambée des prix immobiliers à Budapest, les personnes et ménages à faibles revenus ont de plus en plus de mal à se loger bon marché. Sur les 40 000 logements publics que compte la capitale hongroise, près de 10% sont pourtant inoccupés.
Il est de plus en plus difficile de se loger à bon prix à Budapest. Face à l’envolée des loyers et du prix au mètre carré dans la capitale hongroise, l’offre de logements publics peine à offrir une alternative suffisante aux personnes et ménages – étudiants, jeunes couples avec enfants, sans emploi, etc. – aux revenus limités. Et la situation n’est pas prête de s’améliorer : les arrondissements se débarrassent à tour de bras de leurs parcs de logements publics et sur les quelques 40000 encore en leur possession, 10% restent inoccupés.
Le site d’information 24.hu a publié aujourd’hui les résultats d’une enquête menée fin 2018 sur la situation des logements publics à Budapest, majoritairement détenus par les arrondissements. 3909 appartements sont actuellement inoccupés contre 2235 fin 2011. Si le treizième arrondissement a un taux de remplissage particulièrement élevé (plus de 6000 logements, quasiment tous occupés), la lanterne rouge du classement revient au huitième arrondissement, où 889 des 4417 logements détenus par la municipalité sont actuellement vides. D’autres arrondissements sont concernés par un fort taux de vacance, comme le dixième (Kőbánya), le neuvième (Ferencváros) et le septième (Erzsébetváros).
Ci-dessus : le nombre de logements municipaux inoccupés à Budapest fin 2018. Données récoltées par 24.hu.
« La raison principale est que ces appartements ont été restitués à la municipalité dans un état insatisfaisant », s’est justifiée la municipalité du huitième arrondissement auprès de 24.hu. Il est vrai que les arrondissements recoupant les anciens faubourgs populaires ont hérité d’un parc particulièrement vétuste après la transition post-communiste au début des années 1990, mais très peu d’argent est allé à la rénovation des logements publics, sauf dans les périmètres faisant l’objet d’importants programmes de réhabilitation sociale co-financés par les fonds européens.
Comme le rappelait le collectif pour le droit au logement « A város mindenkié » dans un autre article de 24.hu publié en septembre dernier, le taux de logements publics est passé en presque trente ans de 50% à 5% seulement à l’échelle de Budapest. Une tendance lourde qui rappelle que ce système de logements municipaux renvoie davantage à une forme de non-privatisation d’appartements souvent insalubres qu’à une vraie politique d’habitat social. Des quartiers populaires entiers ont d’ailleurs disparu de la carte depuis le début des années 2000, certaines municipalités préférant céder les terrains à des investisseurs privés car n’ayant pas les moyens de rénover les logements en leur possession.
Les étudiants hongrois en première ligne
Cette disparition à vue d’œil de logements publics disponibles est d’autant plus spectaculaire que le marché immobilier privé se tend à l’échelle de la capitale hongroise. Depuis cinq ans, les loyers hongrois ont augmenté en moyenne de 87% selon les données d’Habitat for Humanity. En 2010, le prix au mètre carré était de 1300 forints par mois (environ cinq euros) à Budapest, pour 2700 forints à l’heure actuelle, sachant que les écarts entre arrondissements riches et pauvres se sont également fortement creusés depuis.
Habitat for Humanity rappelle qu’à l’échelle du pays, 840 000 personnes environ consacrent plus de 40% de leurs revenus pour payer leurs loyers et charges locatives. L’organisme rappelle également que les étudiants sont parmi les premiers à être pris en tenaille par l’augmentation des loyers et la raréfaction des logements publics, comme le montrent les chiffres de HÖOK concernant l’explosion des demandes de places en résidences universitaires (43% des demandes n’ont pas pu être satisfaites en 2017).
Enfin, à l’heure où le gouvernement hongrois durcit sa politique à l’encontre des sans-abri, la vacance de près de 4000 logements publics peut choquer : la mobilisation de ces places disponibles permettrait de résorber d’environ 10% le taux de sans-abrisme à l’échelle de Budapest.
A l’ombre des villas, sur les hauteurs de Budapest, les mal-logés cherchent à conjurer leur sort