Selon le journal hongrois « Magyar Nemzet », porte-voix du Fidesz de Viktor Orbán, l’usage de l’article 49.3 par Emmanuel Macron met au jour l’hypocrisie des élites européennes.
Sans surprise, comme ce fut le cas lors du mouvement des « gilets jaunes », le « Magyar Nemzet » ne perd pas une miette de la contestation contre Emmanuel Macron, honni de la droite nationaliste hongroise pour s’être auto-érigé en défenseur du libéralisme en Europe contre Viktor Orbán.
« Dans la plus pure tradition eurocratique, le président français a décidé de contourner le parlement et d’utiliser ses pouvoirs spéciaux pour imposer à la société française sa très impopulaire réforme des retraites. »
« Comme l’on pouvait s’y attendre, le pari législatif audacieux de Macron a suscité peu de critiques de la part de ses collègues eurocrates qui dirigent les institutions de l’Union européenne. Ils lui ont donné carte blanche parce qu’il est l’un des leurs et parce qu’il incarne leur projet mieux que n’importe quel autre dirigeant de l’UE. »
Sous la plume de Frank Füredi, professeur au Mathias Corvinus Collegium, le journal cite le député indépendant Charles de Courson, selon qui « Le déni de démocratie continue ».
Le grand journal pro-Orbán publie un pamphlet jugé « nazi » visant une députée
« Pour la gauche, les vies hongroises ne valent manifestement pas grand chose »
Deux poids deux mesures, juge le « Nemzet »
« La décision de Macron a des implications bien au-delà de la vie politique française. Il révèle l’hypocrisie avec laquelle Macron et d’autres eurocrates utilisent l’État de droit. […] Comme une arme avec laquelle elle peut frapper les gouvernements des États membres de l’UE qui ne sont pas à leur goût. La Hongrie et la Pologne ont particulièrement subi la croisade de Bruxelles pour l’État de droit. Imaginez comment ils auraient réagi à Bruxelles si le gouvernement de l’un de ces deux pays avait eu recours à l’article 49.3 ! »
Le « Nemzet » se plait à retourner contre le président français les accusations faites au dirigeant hongrois, souvent accusé d’« autoritarisme » et confronté à plusieurs procédures d’infractions de la Commission européenne pour atteintes systémiques à l’État de droit.
« Grâce à Macron et à son « option nucléaire législative », l’hypocrisie vis-à-vis de l’État de droit est apparue au grand jour. L’Europe a tiré une leçon importante de l’indifférence des élites européennes vis-à-vis de la démocratie. Les vrais autoritaires se trouvent à Paris et à Bruxelles. Il appartient maintenant au peuple français de se dresser contre le comportement autoritaire de Macron. »
L’organe de propagande du Fidesz oublie – au passage – de mentionner qu’au début de l’année 2022, Viktor Orbán a offert son aide au président kazakh Tokaïev qui faisait mater une insurrection en permettant aux forces de sécurité de tirer à balles réelles et sans sommation sur les manifestants. Deux poids deux mesures, là aussi.