L’opposition hongroise a fait front commun pour l’éducation le 23 octobre

Une grande manifestation rassemblant environ 50 000 personnes s’est déroulée à Budapest, tandis que Viktor Orbán a préféré commémorer la révolution de 1956 à Zalaegerszeg.

23 octobre 2022 à Budapest. Photo : Gábor Erőss

C’est la troisième grande manifestation de cet automne en faveur du mouvement enseignant en lutte pour de meilleurs salaires et pour leur droit de grève.

Dimanche 23 octobre en fin d’après-midi, plusieurs dizaines de milliers de personnes, 50 000 selon des médias hongrois, ont foulé le pavé de la capitale hongroise, à l’occasion de la fête nationale qui commémore le soulèvement antisoviétique de 1956.

Les partis de l’opposition, depuis le parti socialiste (MSZP) jusqu’aux sociaux-démocrates de la Coalition démocratique (DK), en passant par Momentum, LMP et Dialogue, ont choisi de se rallier au mouvement plutôt que d’organiser leurs propres rassemblements comme chaque année.

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Signe que la protestation n’est pas limitée aux établissements du secondaire, vendredi 21 octobre, des écoles maternelles ont fermé leurs portes pour une journée. Une nouvelle journée d’action est prévue jeudi 27 octobre dans l’Éducation nationale, avec des grèves et débrayages organisés dans de nombreux établissements scolaires.

« Rentrez chez vous, les Russes », « Ils sont pareils », « Changement de régime ». Le 23 octobre 2022 à Budapest. Photo : Gábor Erőss
Le Fidesz relégué en province

Le premier ministre Viktor Orbán a préféré « s’exiler » en province et son parti le Fidesz n’a pas organisé la moindre commémoration à Budapest, outre un discours du chef du bureau du Premier ministre, Gergely Gulyás, à l’Université de technologie.

L’ancien premier ministre Ferenc Gyurcsány a jugé que « un gouvernement qui ne reconnaît pas le droit du peuple ukrainien à l’autodétermination et à la liberté est indigne de l’héritage de 1956 ».

Viktor Orbán, qui exclut toute victoire militaire de l’Ukraine et dont les médias semblent avoir pris fait et cause pour la Russie, n’a pas établi de parallèle entre l’écrasement de la révolution hongroise par les troupes soviétiques e 1956 et l’invasion de l’Ukraine en 2022 dans son discours.

Comme les années précédentes, le souverainiste a désigné « Bruxelles », donc l’Union européenne, et plus globalement l’Occident, comme l’ennemi de la Hongrie.

« Si l’Occident ne nous avait pas trahis – pour la deuxième fois après 1945 – nous aurions pu réussir » la révolution de 1956, a-t-il déclaré. Puis : « Ne nous inquiétons pas de ceux qui tirent sur la Hongrie depuis l’ombre ou depuis les hauteurs de Bruxelles ».

Face aux défis actuels, qu’il a désigné comme « une invasion migratoire au Sud, une guerre à l’Est et une crise économique à l’Ouest », il faudra aux Hongrois « le courage du lion, la ruse du serpent et la douceur de la colombe ».

Corentin Léotard

Rédacteur en chef du Courrier d'Europe centrale

Journaliste, correspondant basé à Budapest pour plusieurs journaux francophones (La Libre Belgique, Ouest France, Mediapart).

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