Après le vote d’une loi anti-LGBTQ+ en Hongrie, le ministre polonais de l’Éducation, Przemysław Czarnek, n’a pas caché sa volonté de suivre la voie hongroise. Le Président tchèque, Miloš Zeman, a également déclaré être d’accord « en principe » avec la nouvelle loi hongroise.
Le récent vote d’une loi interdisant la « promotion » des personnes LGBTQ+ en Hongrie a provoqué un tollé d’une rare ampleur en Europe. Cela dit, le gouvernement hongrois ne s’est pas pas fait que des ennemis. Le Droit et Justice (PiS), au pouvoir en Pologne n’est pas insensible à ce type de législation. « On devrait reproduire l’intégralité de cette loi en Pologne ! », s’est notamment exclamé Przemysław Czarnek, le ministre de l’Éducation.
M. Czarnek est un habitué de ces commentaires hostiles à la communauté LGBTQ+. Après la marche des fiertés organisée à Varsovie le 19 juin, où s’était notamment rendu le maire de Varsovie et leader de l’opposition, Rafał Trzaskowski, M. Czarnek s’était exprimé à la télévision : « Ces gens qui se rendent à ces marches ne se comportent pas normalement. Regardez les images de la marche des fiertés … Vous les avez vus, s’habiller n’importe comment, un homme comme une femme, ce sont des gens normaux ça pour vous ? »
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Au même moment, le vice-ministre de la Justice Michał Woś a déclaré sur un plateau de télévision que le ministre Michał Wójcik travaillait actuellement sur un projet de loi pour « interdire les activités de promotion et de propagande des cercles LGBT ». Après cette déclaration et la polémique qu’elle engendrée, M. Woś a tenté de clarifier les choses, mais a en fait donné plusieurs réponses très différentes les unes des autres, ajoutant à la confusion. Il a finalement été secouru par son collègue M. Wójcik, qui a déclaré qu’aucune loi similaire à la loi hongroise n’était en cours de préparation.
Une Lex Czarnek à venir ?
Toutefois, un projet de loi est bien en cours d’examen au parlement. Déposé par un certain Przemysław Czarnek, cette loi vise à donner des pouvoirs démesurés à des « superintendants », dépendants du ministère de l’Éducation. Ces superintendants se verraient investis d’un tel droit de regard, qu’ils pourraient renvoyer d’un jour à l’autre les directeurs d’établissements. Alors que bon nombre de professeurs sont vent debout contre ce projet, Adam Bodnar, défenseur des droits, a également dénoncé ce texte et l’excès de centralisation qu’il prévoit.
Selon le journaliste Jacek Nizinkiewicz de Rzeczpospolita, les offensives répétées du ministre de l’Éducation visent à détourner l’attention de l’actuel scandale qui frappe le PiS et le Premier ministre Mateusz Morawiecki, fragilisé par une fuite d’emails échangés entre membres du gouvernement.
Pour le journal en ligne OKO.press, il s’agit bien de « créer un état de panique morale pour polariser la vie politique ». Une stratégie qui risque de s’avérer payante pour le ministre de l’Éducation, qui va considérablement renforcer son contrôle sur les établissements scolaires. « Dans une telle atmosphère de peur, personne n’osera donner des cours sur les droits fondamentaux ou sur l’acceptation de la diversité, et le ministre Czarnek sera en mesure d’annoncer qu’il défend la jeunesse contre les idéologies dangereuses », conclut OKO.press.
Le Président tchèque trouve les personnes transgenres « dégoûtantes »
Pendant ce temps, en République tchèque, le Président de la République Miloš Zeman, se laissait aller à quelques commentaires pour la chaîne de TV américaine CNN. « Je peux comprendre les gays et les lesbiennes. Mais vous savez qui je ne comprends absolument pas ? Les transgenres. » ajoutant ensuite qu’il trouvait « ces personnes transgenres vraiment intrinsèquement dégoûtantes ». Et même s’il considère que les orientations sexuelles relèvent de la sphère privée des individus, il explique que s’il était « un peu plus jeune, [il] aurait organisé une manifestation géante d’hétérosexuels à Prague ».
Il a également déclaré être d’accord « en principe » avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, et la nouvelle loi votée en Hongrie. Néanmoins, M. Zeman a également souligné qu’il n’a rien contre les cours d’éducation sexuelle incluant les groupes LGBT, à condition que ça ne concerne que les lycéens.
La Tchéquie, de même que la Pologne, n’ont pas rejoint les dix-sept États membres de l’UE qui ont publiquement condamné la nouvelle législation hongroise. Si suspense il y avait, ces déclarations confirment que ces partenaires de la Hongrie au sein du V4, resteront au mieux silencieux.
Photo d’illustration : à droite, le ministre de l’Education polonais, Przemysław Czarnek (crédit photo : « File:Przemysław Czarnek odbiera zaświadczenie o wyborze na posła IX kadencji.JPG » par Sejm RP sous licence CC BY 2.0)