L’État polonais veut acquérir la maison de Marie Curie, mise en vente

L’ancienne résidence secondaire de Marie Curie, située au sud-ouest de Paris, est actuellement en vente. Parmi les intéressés : l’État polonais, déterminé à acquérir un lieu « qui fait partie de l’histoire polonaise ».

Dimanche dernier, Le Parisien remarquait que l’ancienne maison de Pierre et Marie Curie, située à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Paris, est à vendre. Son prix (790 000 euros), mais surtout son ancienneté, n’a pour l’instant convaincu personne d’acheter cette vieille bâtisse de pierres construite en 1890.

Cela risque toutefois de changer. Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, l’a lui-même affirmé : « j’ai lancé les procédures visant à acheter la maison de Marie Skłodowska-Curie près de Paris. Cet endroit fait partie de l’histoire polonaise ».

Entre 1904 et 1906, le couple Curie se rendait régulièrement dans cette maison de la vallée de Chevreuse, pour s’y reposer à l’abri des laboratoires parisiens. Après la mort de son époux dans un accident de la circulation, Mme Curie ne s’y est rendue qu’à quelques reprises, avant finalement d’arrêter de la fréquenter.

Une mémoire pour deux récits nationaux

Si pour l’instant, rien n’est fait, plusieurs voix en Pologne s’élèvent pour faire de cette maison un musée d’histoire polonaise. La mémoire de la célèbre scientifique est en effet prise entre deux récits nationaux. La petite annonce de vente souligne par exemple volontiers l’héritage « d’un homme et d’une femme qui ont contribué au rayonnement de la France dans le monde entier ». La Pologne, quant à elle, voit en Marie Curie une figure importante de son histoire nationale.

Née en 1867 dans une Pologne alors sous étroit contrôle russe, Maria Skłodowska s’exile pour la France en 1891 pour poursuivre des études supérieures à l’Université de Paris. C’est durant ses études de physique qu’elle fait la connaissance de Pierre Curie, également physicien, avec qui elle se marie en 1895. Ensemble, ils obtiennent le prix Nobel de physique en 1903. Après la mort de Pierre Curie, trois ans plus tard, Marie Curie poursuit ses recherches, et obtient un second prix Nobel en 1911, cette fois de chimie.

Elle cumule un certain nombre de records : elle est la première femme à avoir reçu le prix Nobel et la première personne à en recevoir un second ; elle est la seule femme à en avoir reçu deux – dans deux disciplines différentes, chose unique également. Elle est par ailleurs la première femme à avoir enseigné à la Sorbonne. Avec un tel pedigree, peu importe qu’elle n’y ait séjourné que deux ans, l’État polonais est bel et bien prêt à investir près d’un million d’euros pour acquérir et rénover cette vieille maison de pierres en banlieue parisienne.

Photo d’illustration : portrait de Marie Curie (Crédit photo : Creative Commons)

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