Les migrants traqués en Biélorussie et refoulés vers l’Irak

Après avoir favorisé leur venue, les autorités du Bélarus font la traque aux migrants qui espèrent encore atteindre l’Union européenne, pour les refouler de force vers le Moyen-Orient. Près de 2 000 personnes auraient déjà été rapatriées vers l’Irak.

« Nous ne vous forcerons pas. Si vous voulez partir, nous vous aiderons. Si vous voulez rester, nous essaierons aussi de vous aider », a déclaré le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko lors de sa visite, vendredi 26 novembre, du camp de migrants près de Kuźnica.

La réalité rapportée par le média indépendant polonais OKO.Press semble bien différente. Les forces de sécurité d’Alexandre Loukachenko sont en train de vider le camp, et dans la capitale Minsk, elles font la chasse aux migrants pour les rapatrier de force par avion.

Le lendemain de la visite présidentielle près de Kuźnica, Awat a été poussé dans un bus avec 400 autres personnes, direction l’aéroport de Minsk, puis Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, où il a atterri samedi soir. « Les soldats étaient agressifs. Ils nous ont dit que si nous ne montions pas dans le bus, ils utiliseraient la force », a écrit Awat à OKO.Press, rapatrié par un vol direct et sans billet.

Selon certaines estimations relayées par OKO.Press, près de 2 000 personnes ont déjà été ainsi refoulées vers l’Irak depuis le Bélarus.

Entre 1 200 et 1 500 migrants se trouveraient encore dans le camp temporaire près de Kuźnica, où s’est cristallisée mi-novembre la crise migratoire orchestrée par Minsk. Ils ne dorment plus dehors mais ont été installés par les autorités dans un grand entrepôt d’usine.

L’entrepôt d’usine près de Kuźnica où ont été installés les migrants. Source : OKO.Press

Mais un nombre indéterminé de migrants seraient encore présents sur le territoire du Bélarus, cachés dans des appartements à Minsk ou dans la nature dans les espaces frontaliers avec la Pologne et la Lituanie, espérant toujours réussir à entrer dans l’Union européenne.    

Après avoir favorisé leur venue, les autorités du Bélarus traquent désormais les exilés pour les rapatrier de force au Moyen-Orient. « La chasse aux migrants a commencé à Minsk », écrit OKO.Press. « Les services de sécurité surveillent les gens dans les restaurants, les hôtels, entrent dans les appartements de location. C’est comme ça qu’ils ont attrapé la cousine de ma femme et qui l’ont tout de suite emmenée à l’aéroport », rapporte Ramiar qui a réussi à se réfugier en Allemagne.

Dans le même temps, les gardes-frontières biélorusses continuent de pousser en Pologne des groupes de migrants qui campent le long de la frontière, par exemple à proximité du poste frontière de Połowce. « Les Biélorusses nous obligent à traverser la frontière. On ne peut pas rentrer à Minsk », écrivait un irakien qui s’est déjà fait refouler de Pologne une première fois.

« Une nuit de plus et il fallait amputer une jambe. C’est ainsi que se comportent les démocrates ».

Alexandre Loukachenko.
Loukachenko et les « scélérats polonais »

La propagande de Minsk tourne à plein régime pour présenter Loukachenko en sauveur des migrants. Les médias du pouvoir mettent en avant les donations de nourriture (85 tonnes, selon la chaîne Belta sur Telegram) et de chaussures (un millier de paires) et montrent les enfants qui se font couper les cheveux par le coiffeur du camp de Kuźnica.

Lundi, Loukachenko en uniforme militaire s’en est pris aux « scélérats polonais » qui « veulent détruire avec la Grande-Bretagne l’Union européenne et utilisent les migrants à cette fin ». Evoquant le sort de trois migrants retrouvés en état de perdition près de la frontière polonaise, il a déclaré : « Une nuit de plus et il fallait amputer une jambe. C’est ainsi que se comportent les démocrates », a-t-il ironisé.

×
You have free article(s) remaining. Subscribe for unlimited access.