Le ministère de l’Éducation nationale refuse les demandes d’augmentation des salaires des enseignants. Deux syndicats brandissent la menace d’une grève générale, mais la législation sur le droit de grève ne joue pas en leur faveur…
Le conflit couve depuis de longs mois entre les professeurs d’école et le ministère de l’Éducation nationale. Au mois de décembre 2018, nombre de professeurs et d’instituteurs avaient mené une grève déguisée en arrêtant le travail sous avis médical. La rencontre du 10 janvier entre la ministre Anna Zalewska et les représentants des syndicats dans le but de négocier des augmentations de salaire était donc très attendue.
Le Syndicat des Enseignants Polonais (ZNP) et le Forum des Syndicats (FZZ) demandent une augmentation du salaire de base de 1 000 zlotys, soit 250 euros environ. La ministre Zalewska propose, elle, 334 zlotys (80 euros) d’augmentation pour les enseignants diplômés cette année, et 508 zlotys (120 euros) l’année suivante. L’offre ministérielle n’a fait qu’offusquer les enseignants, d’abord parce que le montant n’est pas satisfaisant, ensuite, parce que l’augmentation ne concerne que les enseignants diplômés, soit 63 % d’entre eux.
Ce 10 janvier, les négociations sont restées au point mort pendant plusieurs heures, Anna Zalewska ne souhaitant pas négocier avec toute la direction des syndicats, ce qui était une condition des syndicalistes. « Mme la ministre a décidé, contrairement à la loi sur le Conseil de Dialogue Social, que seuls des représentants choisis de la partie syndicale participeront au rendez-vous », a expliqué Sławomir Broniarz, président du ZNP. Dans cette situation, les représentants syndicaux, affublés de gilets jaunes, ont refusé d’entamer les négociations, et la ministre a dû accéder à leur demande.
Mais si les parties sont arrivées à ce compromis sur la forme des négociations, sur le fond, le problème reste entier. « Nous avons calculé les coûts que représentent les propositions des syndicats, il se situe entre 14,5 et 17,5 milliards de zlotys. Le gouvernement polonais a préparé 6,5 milliards », a indiqué la ministre aux journalistes.
Les représentants syndicaux menacent d’organiser une grève générale qui paralyserait le système scolaire en Pologne. Mais cela relève du parcours du combattant. Comme l’écrit OKO.press, « organiser une grève générale dans l’enseignement relève de l’exploit », tant les contraintes juridiques sont lourdes. En effet, les syndicats qui prévoient une grève générale doivent mener un conflit collectif séparé avec la direction de chaque école, et non avec le gouvernement.
« Nous sommes en pleine discussion », a tempéré la ministre, qui a souligné que des négociations dureraient jusqu’au 28 janvier. Le prochain round est prévu pour le 22 janvier et d’ici là, les syndicats devront prendre en compte les nouvelles propositions du ministère de l’Éducation.